Jean-Michel Blanquer l'a annoncé mardi : les écoliers, collégiens et lycéens reprendront probablement le chemin de leur établissement scolaire à partir du 11 mai. Mais attention : ils ne reprendront pas les cours comme avant le confinement, tous ensemble, dans des classes pleines. Gestes barrières, cantine, récréation, transports… De nombreuses zones d'ombre persistent à moins de trois semaines de cette rentrée inédite en pleine crise du coronavirus. Europe 1 fait le point.
Comment va se dérouler la reprise de l'école ?
Ce qu'il y a de figé, c'est la rentrée étalée sur trois semaines. D'abord, la semaine du 11 mai, les écoliers de Grande section de maternelle, de CP et de CM2 rentreront. Puis, la semaine du 18 mai, les collégiens de Sixième et de Troisième, ainsi que les lycéens de Première et ceux de Terminale. Enfin, les CE1, les CE2, les CM1, les Cinquième, les Quatrième et les Seconde rentreront la semaine du 25 mai.
Marie et Simon ont trois filles de 5, 8 et 11 ans : chacune reprend à une date différente. "Le 11 mai, on va tous se lever pour pouvoir accompagner la petite à l'école, ensuite nous allons faire la classe pour les deux plus grandes, ensuite nous allons récupérer la petite, qui n'aura classe que le matin pour laisser la maîtresse faire la classe à l'autre moitié", anticipe Marie, orthophoniste qui n'a pas prévu de reprendre le travail dans l'immédiat.
Et dans les classes ?
Les classes ne devraient pas contenir plus de 15 élèves en même temps. Finies les récréations avec toutes les classes au même moment dans la cour. Parents et profs attendent des précisions sur l'organisation concrète des cours, mais plusieurs pistes ont émergé. Les classes pourraient être scindées en deux, avec un groupe le matin et un autre l'après-midi, ou alors un jour sur deux ou une semaine sur deux, selon les volontés de chaque école.
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En clair, il y quatre configurations : un groupe en présentiel en classe, un groupe en école à la maison, avec deux autres possibilités pour garder les enfants qui ne sont pas en classe, à savoir l'étude ou les activités sportives. Le retour en classe ne sera pas obligatoire pour les enfants dont les parents ont trop de craintes, mais si et seulement si leurs enfants peuvent continuer à suivre l'école à distance.
Les élèves déjeuneront-ils à la cantine ?
Cela va beaucoup dépendre de la configuration de l'établissement. Dans les écoles et collèges où il n'y a pas trop d'élèves et suffisamment de personnels encadrants, le maintien de la cantine est envisageable, avec l'instauration de gestes barrières à l'entrée du réfectoire. Pour les établissements où les locaux ne sont adaptés, ce sera pique-nique pour tout le monde : soit un repas préparé par les parents, soit un service de sandwicherie mis en place dans les écoles.
Comment réagissent les enseignants ?
Pas très bien : ils ont été surpris par le timing de ces annonces. Les enseignants ont été consultés une fois la semaine dernière par Jean-Michel Blanquer, ce qui est trop peu selon eux. "Nous n'avons toujours pas de garanties sanitaires sur les conditions de la reprise", déplore Sophie Venetitay, secrétaire générale adjointe du syndicat SNES-FSU. "Et puis nous avons ce chiffre de 15 élèves par classe qui pose aussi beaucoup de questions : comment on fait respecter la distanciation sociale dans des salles assez petites ? Que fait-on des autres élèves de la classe ? Jean-Michel Blanquer évoque la possibilité qu'ils soient dans une salle de permanence, mais ces salles-là vont vite être bondées si la moitié du collège ou du lycée est dans cette salle." Pour avoir plus de garanties sanitaires, les syndicats de professeurs réclament l'avis du Comité scientifique sur cette rentrée.
Quid des transports scolaires ?
En France, un élève sur trois dépend des transports scolaires pour se rendre et revenir de l'école. "Toutes les problématiques évoquées dans l'école, on les retrouve dans le car", souligne sur Europe 1 Nicole Bonnefoy, sénatrice socialiste de Charente et présidente de l'Association nationale pour les transports éducatifs de l'enseignement public. Masques, distanciation sociale… "Il y a beaucoup de questions pratiques qui se posent pour apporter une assurance, une sécurité sanitaire maximum que l'on doit aux familles et aux élèves", estime la parlementaire, qui dénonce une impréparation du gouvernement sur ce sujet.