Comme tous les secteurs d'activité, la gestion des centrales nucléaires françaises est impactée par le coronavirus. L’autorité de sûreté nucléaire (ASN) a suspendu ses contrôles physiques, mais continue de surveiller à distances ces installations hautement sensibles... Une mission difficile, comme en témoigne la mise à l’arrêt "temporaire" du dernier réacteur de la centrale nucléaire de Fessenheim, en Alsace, après un "dysfonctionnement" détecté sur un robinet. Europe 1 fait le point.
"S'il y avait une catastrophe nucléaire..."
Bruno Chareyron, membre de la commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD), s'interroge d'abord sur la gestion d'un incident nucléaire dans ce contexte de confinement. "Si il y avait une catastrophe nucléaire, ce serait très difficile à gérer. Tout le regroupement dans les gymnases serait en contradiction totale avec les mesures de confinement", s’inquiète-t-il sur Europe 1.
Visio conférence, résultats de tests envoyés par email, réunions téléphonique : depuis trois semaines, les ingénieurs de l'autorité de sûreté nucléaire multiplient les contacts avec les exploitants des installations nucléaires, principalement EDF. Une seule priorité : assurer la sûreté des sites, même en effectifs réduits.
"Les personnels médicaux ne pourraient pas jouer leur rôle"
Certes, l’ASN a stoppé ses contrôles physiques sur les sites depuis trois semaines mais "on ne s’interdit pas de se rendre dans une centrale si cela s’avère nécessaire", précise-t-on. Le dernier réacteur de la centrale de Fessenheim a ainsi été déconnecté dimanche, et sera reconnecté mardi, une opération "sans impact sur la sûreté de l’installation", a assuré EDF.
Mais si l'ASN et EDF se veulent rassurants, Bruno Chareyron s'interroge sur la gestion d'un incident nucléaire, et notamment la prise en charge de la population française. "Les personnels médicaux ne pourraient pas jouer leur rôle de prise en charge de la population en cas de contamination massive. Cette situation crée une inquiétude qui est légitime et qui pose question sur la gestion des installations nucléaires et la préparation à une crise nucléaire", s’inquiète le membre de la commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD).
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La crainte d’une surcharge des serveurs
Autre inquiétude : la disponibilité des serveurs informatiques, qui permettent à EDF de signaler tout incident. Ceux-ci risquent-ils d'être surchargés, à cause du télétravail ? L'autorité de sûreté nucléaire procède à des tests dans sa cellule de crise en région parisienne. "Nous veillons à ce que ce canal de communication reste disponible", assure-t-on du côté du gendarme du nucléaire.