Coronavirus : "Travailler la nuit, garder ma fille le jour", le nouveau quotidien de Noëlle, aide-soignante

Maman d'une enfant de 18 mois, Noëlle rencontre des difficultés à faire garder sa fille, son mari n'étant pas personnel hospitalier.
Maman d'une enfant de 18 mois, Noëlle rencontre des difficultés à faire garder sa fille, son mari n'étant pas personnel hospitalier. © Loïc VENANCE / AFP
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Pauline Rouquette , modifié à
Aide-soignante au CHU de Montpellier, Noëlle travaille de nuit. Sa fille de 18 mois, habituellement gardée la journée par une assistante maternelle, a été privée de nounou suite à des mesures de désengorgement des modes de garde prises dans le contexte de la crise sanitaire liée au coronavirus. Son conjoint n'étant pas hospitalier, peu de solutions s'offrent à eux.
TÉMOIGNAGE

En première ligne dans cette crise sanitaire liée au coronavirus, Noëlle trouve son nouveau quotidien difficile. "Ce n'est pas agréable", estime cette aide-soignante qui témoigne sur Europe 1 après avoir contacté le 3921. "On ne nous aide pas, et c'est très compliqué de devoir tout surmonter, d'aller travailler, d'aider les gens, de s'occuper de nos enfants quand le gouvernement ne met pas tout en place", poursuit-elle dans l'émission Hondelatte raconte.

Noëlle travaille de nuit au CHU de Montpellier, sur une amplitude d'au moins 12 heures. Maman d'un garçon de 11 ans et d'une petite fille de 18 mois, celle-ci rencontre des difficultés à faire garder sa benjamine, compte tenu des restrictions appliquées aux crèches et aux assistantes maternelles pour désengorger les modes de garde.

Pas d'accès à la crèche de l'hôpital

"La nounou de ma fille a reçu un mail du gouvernement disant qu'elle ne pouvait plus accueillir ma fille parce que mon conjoint n'est pas hospitalier", explique l'aide-soignante dont le conjoint, en télétravail, gère une équipe de 12 personnes et ne peut par conséquent pas assurer la garde de leur jeune enfant. "Je m'occupe de ma fille quand je suis en repos ; sur mes jours de travail, ma fille était jusque là gardée par l'assistante maternelle", explique Noëlle. Un temps révolu.

 

Europe 1

 

Conformément aux mesures annoncées par le président Emmanuel Macron pour freiner la propagation du virus et protéger les personnes les plus vulnérables, les établissements d’accueil des jeunes enfants sont fermés depuis le lundi 16 mars 2020. Un service de garde est mis en place dans chaque région afin que les professionnels du secteur sanitaire et médico-social qui sont indispensables à la gestion de la crise sanitaire puissent faire garder leurs enfants et continuer d’aller au travail pour protéger et soigner. Mais compte tenu de la profession de son conjoint, Noëlle n'est pas concernée.

Impossible également de déposer la petite à la crèche de l'hôpital. "Ils sont overbookés, et c'est toujours le même problème : parce que nous ne somme pas deux parents hospitaliers, je n'y ai pas droit", déplore l'aide-soignante.

"Il faudra juste m'expliquer comment on fait"

"Je vais me retrouver à travailler la nuit et à ne pas dormir le jour, ou très peu, parce qu'il est compliqué de dormir avec un enfant de 18 mois à la maison", s'inquiète Noëlle qui rappelle que cette situation est prévue pour durer plusieurs semaines, voire plusieurs mois.

"Il était question de ne pas engorger les modes de garde, sauf que on se retrouve avec des assistantes maternelles qui n'ont plus d'enfants à charge", ironise-t-elle. "Et après on nous demande, à nous, d'aider les gens, d'aider dans les autre services, et de venir sur nos jours de repos : il faudra juste m'expliquer comment on fait".

Une seule solution semble s'imposer au couple : le conjoint de Noëlle pourrait demander un arrêt maladie. "C'est quand même dommage d'en arriver à ce que mon conjoint se mette en arrêt maladie, et mette en péril la bonne entente et le bon fonctionnement de son équipe parce que le gouvernement a décidé que je n'ai pas droit à une assistante maternelle sous prétexte que nous ne sommes pas deux hospitaliers".