La semaine qui s'annonce pourrait être décisive en ce qui concerne l'éventuelle mise en place d'un troisième confinement en France. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, l'a rappelé ce week-end dans Le Parisien : il attend de voir quel sera l'effet du couvre-feu sur la circulation du virus avant de prendre possiblement des mesures supplémentaires. D'ici à mercredi, des chiffres sur les contaminations, notamment par les nouveaux variants du coronavirus, sont attendus. Ils donneront le ton du quotidien des Français dans les semaines à venir. Mais pour l’instant, "les chiffres ne sont pas clairs", indique dimanche un proche d’Emmanuel Macron.
Trois scénarios sur la table
Manifestement, l’exécutif prépare déjà les esprits à un reconfinement. "La question n’est pas 'est-ce qu’il y en aura un' mais quand", confiait samedi un conseiller à Europe 1. A ce stade pourtant, trois scénarios seraient toujours sur la table. Dans le premier, les chiffres attendus indiqueront que l'on reste sur le plateau actuel des nouvelles contaminations : le couvre-feu serait alors encore suffisant. Dans le deuxième cas, les données sur une semaine montrent une légère reprise. Un reconfinement comme en novembre serait alors possible.
Dernière situation : les courbes décollent, comme cela a pu être observé chez certains de nos voisins européens. Les sources gouvernementales contactées par Europe 1 affirment alors que la seule solution serait un confinement plus strict qu'en fin d'année dernière.
Pour Benjamin Davido, médecin infectiologue et référent de crise Covid-19 à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches, en région parisienne, reconfiner n'est pour le moment pas une urgence. "Aujourd'hui, les indicateurs hospitaliers sont stables. Dans mon hôpital par exemple, on a sur nos lits entre un et deux malades suspects tous les jours de variant anglais. On voit bien que si on reste dans une situation comme celle-ci, on arrivera à tenir encore pendant plusieurs semaines", explique-t-il dimanche sur Europe 1. "Simplement, si le variant commence à gagner du terrain, il faudrait reconfiner par anticipation car on serait dans une situation très compliquée en termes de tension hospitalière."
Du côté de l’exécutif, on ne dit pas autre chose. "Si la courbe explose comme en Grande-Bretagne, il faudra aller vite", estime-t-on. Pour Jean-Paul Stahl, professeur spécialisé dans les maladies infectieuses au CHU de Grenoble, il faut également attendre de voir si le variant d'origine britannique "arrive à prendre le pas sur les autres en France" avant d'agir de manière plus stricte. "Il a pu se développer en Angleterre à la faveur d’un relâchement, le mot est faible, des comportements et les Anglais eux-mêmes le reconnaissent parfaitement. Est-ce que sa dynamique sera pareille en France si nous respectons les mesures barrières ? Je ne sais pas."
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"Il faut mettre la cloche dans le bon timing"
Dans tous les cas, on devrait en savoir plus à l'issue de la semaine à venir. "Il faut mettre la cloche dans le bon timing", indique-t-on dans l’entourage d’Olivier Véran. En cas de reconfinement, il faudra aussi et bien sûr se pencher sur les détails comme l’ouverture ou non des écoles, des universités et des différents types de magasins.
"Je pense qu'il faudra sincèrement se poser la question de la limitation des périmètres de circulation parce que ces différents variants se propagent extrêmement bien", commente Benjamin Davido. "La seule façon de [les] contenir, c'est de bouger le moins possible pour contaminer le moins d'individus possibles." "C’est vrai qu’il faut anticiper mais d’un autre côté il faut essayer de respecter la vie sociale et économique", commente Jean-Paul Stahl. "Il y a un équilibre qui est extrêmement difficile."
Quant à une éventuelle intervention du président de la République mercredi avant d’annoncer un nouveau confinement, on ne peut pas l'exclure. Mais pour le moment, l’Elysée dément. "A date, rien", insiste un proche d’Emmanuel Macron auprès d'Europe 1.