Deux suspects, dont un directeur de la prison de Fresnes, soupçonnés d'être impliqués dans un vaste réseau de corruption en détention, ont été présentés à un juge d'instruction mercredi en vue de leur mise en examen, a-t-on appris auprès du parquet de Créteil.
Des avantages pour des détenus. Le premier est un directeur de 49 ans, qui supervisait l'un des trois bâtiments de la prison. En poste depuis 2014 à Fresnes, il est soupçonné d'avoir accordé des faveurs à des détenus majoritairement membres de la communauté juive, moyennant finance. Des avantages qui pouvaient aller du portable laissé en cellule à des interventions en cas d'incidents, en passant par l'appui du cadre pénitentiaire en faveur d'un aménagement de peine, selon une source proche de l'enquête. Le second, Fabrice Touil, 42 ans, renvoyé devant la justice pour son implication dans un volet de la fraude à la TVA sur la taxe carbone, est soupçonné d'avoir remis de l'argent à plusieurs reprises à ce directeur.
5 autres personnes arrêtées puis relâchées. Après 48 heures de garde à vue, les deux hommes "sont déférés en vue de leur mise en examen", a précisé le parquet. La découverte de ce système de corruption au sein d'un des plus grands établissements pénitentiaires français a conduit à des interpellations menées lundi et mardi. La femme et le frère du directeur, un surveillant pénitentiaire, l'aumônier juif régional et deux détenus - Arnaud Mimran, un financier déjà condamné dans un volet de la fraude à la taxe carbone, et Eric Robic, le chauffard français qui avait écrasé une Israélienne à Tel-Aviv en 2011 - ont été arrêtés. Ils ont été relâchés à l'issue de leur garde à vue. Lors des perquisitions menées lundi aux domiciles des suspects et à l'intérieur de la prison, les policiers ont saisi 280.000 euros en liquide.
L'enquête avait débuté en février 2017, après un signalement de l'administration pénitentiaire à la justice. Les investigations ont été confiées à la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE) et à la Brigade de répression du banditisme (BRB) de Versailles. Le directeur et le surveillant soupçonnés dans cette affaire ont été "immédiatement suspendus" par l'administration pénitentiaire, qui a lancé une enquête interne.