Une escale à Brest au cœur des soupçons. Les 1.900 marins du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle, et de la frégate qui l'accompagnait, ont débarqué à Toulon dimanche après qu'une cinquantaine de soldats ont été testés positifs au Coronavirus. L'origine de la contamination pourrait être une escale réalisée du 13 au 16 mars dans le port de Brest. Si à cette date le confinement n'avait pas encore été déclaré, la journée des familles avait cependant été annulée par le commandant de bord. Les marins n'avaient eu le droit de descendre à terre que sous certaines conditions.
"C'est grave"
"Il faut se souvenir de la chronologie, l'escale était entre le 13 et le 16 mars, le confinement a été déclaré en France le 17, donc cela se passait juste avant", précise le général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire française auprès de l'ONU, sur Europe 1.
"Le commandant du navire avait pris des mesures - interdiction aux familles de venir à bord - mais autorisé, sous certaines limites, la descente à quai puis la rencontre entre les familles, avec les mesures de précaution appliquées à l’époque. Si elles n’ont pas été appliquées, c’est grave", juge-t-il. "D'autant plus qu’on ne parle pas de citoyens normaux. On parle de marins, de militaires, qui connaissent l’importance de leur mission", rappelle-t-il.
D'après les premiers témoignages, notamment de la compagne d'un des marins interrogées ce matin sur Europe 1, certains soldats et leurs familles auraient partagé un repas dans les mêmes restaurants de Brest, se mélangeant avec des marins d'autres nationalités.
"Des sanctions seront prises"
"On voit aujourd'hui les conséquences, avec l'arrivée et les mesures énormes prises à Toulon, à cause de désobéissance", déplore Dominique Trinquand. Une désinfection de l'ensemble du porte-avion va être réalisée.
Le porte-parole de la marine et capitaine de vaisseau Eric Lavault assurait lundi que si les faits étaient avérés, "alors les marins étaient en contradiction et en contravention avec les ordres donnés par le commandant". "Il faut bien sûr identifier ceux qui ont contrevenu aux ordres et à partir de ce moment là des sanctions disciplinaires seront prises par l’autorité, qui est le commandant du navire", estime quant à lui le général Trinquand. "Et peut-être réfléchir plus haut à la question de cette escale."
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"Cette mise en quarantaine n'est pas préjudiciable pour l'instant, mais..."
"Est-ce que la société aurait dû prendre des mesures avant celles annoncées par l’Etat ? Cela peut se réfléchir. En revanche pour un outil stratégique comme un porte-avion c’est une réflexion qui doit être plus poussée, dès qu’on sait qu’il y a un risque pour la continuation de la mission", s'interroge Dominique Trinquand. Le porte-avion était en fin de mission, ainsi cette mise en quarantaine n'est pas préjudiciable, pour l'instant sur le plan opérationnel. "Mais sur le plan des principes...", lance l'ancien général.
"Il y a deux niveaux : les marins qui n'ont pas respectés les règles minimum qui avaient été mises en place par le commandant du navire, doivent être sanctionnés et avoir une réflexion plus globale sur comment le commandement réagit par anticipation, compte tenu de la position stratégique d'un outil" comme le navire Charles-de-Gaulle. Les équipages des sous-marins nucléaires sont en quarantaine sans contact avec leurs familles quinze jours avant la plongée, rappelle Dominique Trinquand.