En Martinique, malgré le confinement remis en place, l'hôpital est au bord de l'implosion. Près de 200 personnes sont hospitalisées pour des formes graves de Covid-19. En 48 heures, 13 décès ont été recensés. Pourtant, la défiance envers le vaccin est tenace, parce qu'il est jugé trop récent, mais aussi pour des raisons culturelles et historiques.
Le scandale du chlordécone, d'abord, reste gravé dans les esprits en Martinique. Pour Stéphane Lindor, boucher et fils d'agriculteur, âgé de 33 ans, impossible pour lui d'oublier ce pesticide utilisé dans la culture de la banane et responsable de nombreux cancers. "Le chlordécone, c'était quelque chose de miraculeux. C'était bon, même si le gouvernement savait qu'il était déjà interdit en Amérique, qui était le pays qui le produisait", affirme-t-il. "Et la France a continué à le mettre sur les territoires martiniquais et guadeloupéen, alors que chez eux, c'était déjà interdit".
"L'État a une méconnaissance de notre culture"
Les personnels soignants, eux, restent farouchement opposés à la vaccination obligatoire pour leur profession. Et de nombreux artistes se sont aussi mobilisé, à l'image de Céline Barclay, jeune chanteuse martiniquaise. "Il est évident que l'État a une méconnaissance de notre culture, de notre rapport au monde, à la nature, et qu'il ne suffit pas de dire de faire pour que l'on fasse", dit-elle au micro d'Europe 1. "Je pense que la confiance est perdue et il faudrait prouver - et cela avec de solides preuves - qu'il y a bienveillance dans cette histoire de vaccinations et de passe sanitaire."
Cette réticence à l'égard du vaccin se traduit d'ailleurs dans les chiffres : en Martinique, à peine 18,6% des plus de 12 ans ont un schéma vaccinal complet.