Ils sont parmi les premiers à redouter un troisième confinement. Depuis le début de la pandémie, le quotidien des étudiants s'est plus que jamais détérioré. Cours à distance, fin des jobs étudiants, sentiment d'enfermement dans des logements exigus, frigos vides... Conséquence : les distributions alimentaires n'ont jamais vu passer autant de monde. Comme jeudi soir, à Paris, où une vingtaine de bénévoles de l'association Linkee ont rencontré des étudiants dans le manque.
"Si je ne prends pas ces deux paniers par semaine, je ne mange pas"
"Aujourd'hui, je n'ai pas le choix", explique Marie, étudiante, au micro d'Europe 1. "Si je ne prends pas ces deux paniers par semaine, je ne mange pas". La file d'attente devant cette banque alimentaire s'étend sur plusieurs centaines de mètres. Au total, 450 étudiants patientent sur le trottoir. Les visages sont fermés, les regards gênés. "C'est difficile, c'est pour ça que, même dans mon entourage, je n'en parle pas trop", poursuit Marie, qui a perdu ses deux jobs étudiants. "Je viens d'une famille où, en temps normal, on a les moyens, mais la crise a fait que je n'ai plus ces moyens."
Pâtes aux lardons, poulet, yaourts, fruits, produits d'hygiène... "C'est un stress en moins", soupire Marius. Ce qu'il a choisi pourra lui permettre de tenir trois ou quatre jours, dit-il. "Je vais faire des petites poêlées, c'est bien aussi de cuisiner, on essaie d'aller de l'avant et de voir le positif dans tout ça".
Ça se passe à Paris, la précarité grandissante des étudiants avec une file d’attente plus importante chaque soir pour bénéficier d’une distribution alimentaire.
— Remy Buisine (@RemyBuisine) January 28, 2021
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"J'ai peur de ne pas tenir"
"Il n'y a plus rien, les tables sont quasiment vides", constate Julien, l'un des bénévoles de l'association, après deux heures de distribution en continu. "Ce soir, il y a 2,5 tonnes de denrées qui sont parties".
"Bonjour, comment ça va ?", lance une psychologue à l'adresse de Manon, une autre étudiante. "Ce n'est pas juste remplir son sac avec de la nourriture", explique cette dernière. "J'ai vraiment besoin de cette oreille qui est tendue. Je passe ma journée seule devant mes cours, donc venir ici c'est une vraie bouffée d'oxygène". Des numéros de téléphone de psychologues sont fournis aux étudiants, que presque tous notent avant de sortir. "Au cas où on soit reconfinés...", soupire l'un d'eux. "Cette fois, j'ai peur de ne pas tenir."