Le Danemark, qui connaît comme la France un nombre record de contaminations au Covid-19, lève les restrictions sanitaires dès le 1er février. La France prendra-t-elle le même chemin dans les prochains jours ? "Quand le Danemark parle de santé publique, ça vaut toujours la peine de l'écouter parce que c'est un pays qui a une très grande performance sanitaire à tous les niveaux, y compris dans cette pandémie", a expliqué l'épidémiologiste et directeur de l'Institut de santé globale de Genève, Antoine Flahault, invité d'Europe Midi jeudi.
Une stratégie soutenue par les scientifiques danois
"Les experts ont jugé que Omicron était moins virulent, que la vaccination était très élevée et que les capacités hospitalières étaient suffisantes pour absorber la charge actuelle, mais aussi une augmentation prévisible de la charge avec les semaines qui vont venir", a précisé Antoine Flahault.
Au Danemark, 84% des Danois ont reçu au moins une dose de vaccin contre le Covid-19 contre 80% en France. "Si on regarde le nombre de décès par Covid-19 depuis le début de la pandémie, le Danemark en a trois fois moins que la France", a assuré l'épidémiologiste au micro de Romain Desarbres.
Selon la Commission de l'épidémie du Danemark, il faudrait donc cocher trois cases pour lever toutes les restrictions sanitaires : une capacité hospitalière suffisante, une vaccination élevée, et un virus moins virulent. Une stratégie soutenue par les scientifiques au Danemark mais qui est discutée par les scientifiques du monde entier. "C'est un changement de paradigme dans la gestion de cette pandémie", a-t-il détaillé.
La fin des soins gratuits pour les non-vaccinés ?
Antoine Flahault a poursuivi sa prise de parole sur la déclaration de son confrère mercredi soir : les non-vaccinés doivent-ils bénéficier des soins gratuits ? C'est la question sur laquelle s'est interrogé Martin Hirsch, directeur général de l'AP-HP, sur le plateau de l'émission C à Vous sur France 5. "Je ne veux fermer la porte de l'hôpital et du soin à personne : mais il faut être allié avec la responsabilité qui permet à tout le monde d'en bénéficier", a-t-il indiqué mercredi soir. Pour le directeur de l'Institut de santé globale de Génève, Antoine Flahault, "la base de notre système de sécurité sociale en Europe est la solidarité, quelle que soit la cause des maladies".
Une réflexion "inacceptable"
"On ne reproche pas aux gens qui fument d'avoir un jour un cancer du poumon", analyse l'épidémiologiste. "On les plains. On ne reproche pas aux gens qui ont un accident de voiture, même parce qu'ils ont un taux d'alcool trop élevé dans le sang, d'encombrer les hôpitaux, on les plaint et on les soigne", a-t-il continué au micro de Romain Desarbres.
Si Martin Hirsch affirmait que la question de la gratuité des soins pour les non-vaccinés et malades du Covid-19 était "délicate", c'est "inacceptable" de l'envisager selon Antoine Flahault.