La ville de Marseille envisage de se doter de son propre conseil scientifique pour évaluer la situation sanitaire, en particulier sur le front du Covid-19, pour "dire (elle-même) ce qui va et ce qui ne va pas" et ne "plus dépendre de certains scientifiques parisiens". La proposition a été portée par la deuxième adjointe à la ville, Samia Ghali, en conseil municipal lundi, au moment même où les restaurants de la ville, placée par le gouvernement en zone d'alerte maximale, pouvaient rouvrir après une semaine de fermeture imposée.
"Je pense qu'il est important de créer un conseil scientifique de la ville de Marseille, avec les collectivités, la préfecture, l'IHU (l'Institut hospitalo-universitaire du professeur Didier Raoult), l'AP-HM, l'hôpital privé, les marins-pompiers, voire la CCI, l'Éducation nationale... tous ces organismes qui sont au contact de la situation sanitaire au quotidien", a déclaré devant le conseil municipal Samia Ghali.
"Qu'on ne dépende plus de certains scientifiques parisiens"
L'objectif ? "Permettre à la maire de Marseille (Michèle Rubirola) d'avoir des discussions sur le Covid et d'autres questions, et faire en sorte que des personnalités marseillaises puissent discuter et faire des propositions plutôt que de laisser faire l'État", a-t-elle ensuite ajouté auprès de l'AFP. "Madame la maire doit présider un conseil scientifique pour voir quelles sont les carences et qu'on ait une vision. Qu'on ne dépende plus de certains scientifiques parisiens mais qu'on soit aussi nous-mêmes en capacité de dire ce qui va et ce qui ne va pas, pour ne plus subir la foudre de Paris", a-t-elle encore ajouté devant le conseil.
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La décision de fermer pour 15 jours bars et restaurants dans la cité phocéenne et à Aix-en-Provence avait suscité un vent de colère des élus locaux et des professionnels, qui jugeaient que la situation sanitaire ne le justifiait pas. Les nouvelles règles pour les zones d'alerte maximale annoncées dimanche soir par Matignon ont permis lundi la réouverture sous conditions des restaurants.
Un outil utile pour les uns, facteur de confusion pour les autres
Déplorant des "décisions incompréhensibles" et une "bataille de chiffres" avec le gouvernement, le premier adjoint Benoît Payan, qui présidait la séance en l'absence de la maire, en convalescence après une opération, a salué la proposition de Samia Ghali : "munis d'un conseil scientifique qui nous permettra de prendre des décisions, on pourra nous-mêmes éclairer ce gouvernement", a-t-il estimé. "Dotons-nous de cet outil, je suis persuadé que ça aura un écho dans les collectivités territoriales, au département, à la métropole, à la région. Je sais que Madame la maire aura à cœur d'organiser ça, de présider ce comité si tout le monde en est d'accord."
Le président LR de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur, Renaud Muselier, a de son côté déploré dans un communiqué un "facteur de confusion". "Je rappelle qu'il existe déjà, à l'échelle nationale comme à l'échelle locale, 10 instances compétentes" en matière sanitaire, a-t-il ajouté. "Dans cette crise, chacune de ces structures a une expertise propre et un rôle à jouer. Venir y ajouter un 'machin' purement marseillais ne peut qu'ajouter de la confusion et de la cacophonie à un désordre déjà inquiétant."