Leur exclusion avait fait couler beaucoup d'encre en septembre 2021. Les personnels soignants non-vaccinés contre le Covid-19 ont reçu l'interdiction d'exercer dans un hôpital, avec l'entrée en vigueur de l'obligation vaccinale. Mais lors d'un déplacement dans les Hautes-Pyrénées, Emmanuel Macron a entrouvert la porte à leur retour dès que la phase aiguë de l'épidémie sera passée. Le chef de l'État n'exclut plus que ces soignants puissent être réintégrés, six mois après. Un retour possible, mais qui ne se ferait pas dans l'immédiat.
De la méfiance face aux propos de Macron
Europe 1 s'est rendue à Marseille pour recueillir la parole de certains soignants sur le sujet. Sabrina, 45 ans, connait le prix de cette suspension. Ex-infirmière de chirurgie obstétrique, elle est désormais employée d'une superette de nuit. Cette mère de famille assume son choix, même si l'hôpital lui manque. "Mon travail est non déclaré. J'ai perdu la moitié de mes revenus et de ma couverture mutuelle. Cet hiver, nous avons dû faire des économies de chauffage. C'est le grand écart", affirme-t-elle.
"Je ne regrette pas mon choix", ajoute Sabrina. "Je connais certaines personnes qui n'ont même plus de travail. Bien sûr que l'hôpital me manque, les soins, les collègues me manquent." Sabrina reste néanmoins méfiante face aux propos d'Emmanuel Macron, qu'elle associe à une promesse électorale, à quelques semaines des législatives. Mais cette soignante à aussi envie de croire à un retour à la normale.
Des réticences chez les soignants vaccinés
L'infirmière suspendue a bien conscience que ce retour ne se ferait pas sans mal. En effet, les réticences de certains personnels paramédicaux, comme cette infirmière vaccinée d'un service gériatrique, sont assez claires : "J'ai été une des premières à me faire vacciner à l'époque, pour protéger mes patients. Je ne comprendrais pas que les non vaccinés puissent revenir comme ça."
Mais pour Kader Benayed, secrétaire Sud-Santé à l'hôpital Édouard-Toulouse, pas question de faire la fine bouche, dans un contexte de pénurie de soignants. "Il est impensable de se priver du moindre infirmier disponible. L'heure n'est plus aux divisions. S'ils reviennent, il n'est pas question pour nous qu'il y ait la moindre distinction entre soignants", assure-t-il. Ce syndicaliste milite également pour la réintégration des personnels non soignants des hôpitaux. Ceux affectés aux bureaux, aux garages ou encore aux blanchisseries.