La situation épidémique continue de se dégrader en France ces derniers jours. Dans trois régions, l'Île de France, les Hauts-de-France et la Provence-Alpes-Côte d'Azur, la pression hospitalière est maximale, avec un taux d'occupation des lits en réanimation qui va bien au-delà des 100% des capacités initiales. En Seine-Saint-Denis, la situation est même catastrophique. A tel point que les médecins craignent de devoir faire des choix entre les patients en réanimation atteint du Covid-19 dans les prochains jours. "C'est ce qu'on nous pousse à faire depuis plusieurs semaines et j'ai bien peur qu'on y arrive", se désole le professeur Yves Cohen, vendredi sur Europe 1.
"Des patients qui vont être sacrifiés"
"Clairement, ce sont des patients qui vont être sacrifiés", regrette déjà ce chef du service réanimation au CHU Avicenne à Bobigny, en Seine-Saint-Denis, quant à cette éventuelle option. "Nous sommes des réanimateurs, on se bat pour la vie. Les choix comme ça, de ne pas prendre un patient parce qu'il y a un manque de lits, c'est insupportable pour nous."
Pour le moment, Yves Cohen constate des afflux massifs de patients dans des états graves ces derniers jours. Dans son hôpital, il y a habituellement 16 lits de soins intensifs. En poussant les murs, il en a ouvert début octobre 16 de plus. Puis huit autres il y a un mois. Et il va monter jusqu’à 46 lits de réanimation en cette fin de semaine. Mais il sait qu’il ne pourra pas faire plus et sa peur est désormais de devoir "choisir les patients". "Quand on aura deux patients et un seul lit, on va être obligé de prendre un seul patient. Il y aura un choix de patients à faire et, malheureusement, cela veut dire que ce sera un sacrifice pour l'un des patients."
Tenir... mais jusqu'à quand ?
A Paris, à quelques kilomètres de Bobigny, il reste encore quelques possibilités à Bruno Mégarbane, chef de réanimation à l’hôpital Lariboisière, pour éviter d'arriver à une telle extrémité. Pour ouvrir plus de lits, ce soignant évoque les options de déprogrammer plus d’opérations non urgentes, de former des étudiants infirmiers et "d'établir des secteurs hors réanimation de patients qui seraient traités par des oxygénateurs à haut débit". Pour Bruno Mégarbane, ce "serait une situation dégradée par rapport aux soins optimaux", mais cela "éviterait de sélectionner à l'entrée sur la réanimation pour les patients" dans des états graves.
L'ESSENTIEL CORONAVIRUS
> Covid-19 : y a-t-il réellement un risque de contamination en extérieur ?
> Coronavirus : pourquoi un test PCR peut-il être positif un mois après une infection ?
> Les fêtes privées sont-elles vraiment interdites avec le couvre-feu ?
> Le variant anglais engendrerait des symptômes un peu différents
> Audio, webcams... Quand la technologie s'adapte au télétravail
Reste qu'avec des contaminations en constante hausse et des mesures pas assez restrictives selon eux, les médecins se demandent combien de temps ils pourront encore tenir... avant de faire des choix douloureux.