C'est un véritable casse-tête qui s'annonce dans les écoles de France. Alors que, face à la troisième vague de l'épidémie de coronavirus et la hausse des contaminations en milieu scolaire, de plus en plus de voix s'élèvent pour réclamer la fermeture des établissements, le gouvernement a annoncé un renforcement du protocole sanitaire. À partir de lundi, l'apparition d'un cas de Covid-19 dans une classe entraînera sa fermeture dans les 19 départements les plus touchés. Mais la mesure pourrait être compliquée à mettre en place aussi bien pour les directeurs d'établissements que pour les parents.
La conséquence immédiate de cette mesure annoncée vendredi par Jean-Michel Blanquer, c'est que le nombre de classes fermées ne va cesser d'augmenter. Les parents vont donc devoir s'organiser en fonction et réagir très vite. Même chose pour les directeurs d'établissement, qui sont déjà très inquiets, à l'image de Bruno Bobkiewicz, proviseur à Vincennes et membre du SNPDEN, le Syndicat national des personnels de direction de l'Éducation nationale. "On va devoir prévenir rapidement les élèves des classes. La problématique n'est pas la même en collège et lycée, puisqu'on peut faire repartir les lycéens, mais moins facilement les collégiens", explique-t-il à Europe 1.
Comment remplacer les enseignants malades ?
"Et puis, au bout de quelques jours, on va être sur des sorties et des entrées permanentes. Ça va être très vite extrêmement compliqué à gérer et surtout, on va vider les établissements de leurs élèves", poursuit-il. La situation risque d'être particulièrement compliquée au collège, car les familles doivent être prévenues avant que l'élève ne quitte l'établissement. Au lycée, en revanche, les élèves peuvent repartir seuls.
L'inquiétude concerne également le remplacement des enseignants malades. Le ministre de l'Éducation nationale a indiqué vendredi prévoir des remplaçants, sans donner plus de précisions. Les syndicats, d'enseignants comme de proviseurs, sont dubitatifs, car le vivier est déjà vide et aucun enseignant du second degré n'est jamais remplacé au pied levé pour sept à dix jours seulement.
"C'est le sauve-qui-peut"
Du côté des parents, certains regrettent d'être pris de court par ces nouvelles contraintes, comme Rodrigo Arenas, co-président de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE). "C'est simple, c'est le sauve-qui-peut, c'est la démerde, comme depuis le début", s'agace-t-il. "Celles et ceux comme Jean-Michel Blanquer qui pensent que juste un arrêt maladie suffit n'ont aucune réalité des relations professionnelles et économiques de notre pays. Ce n'est pas si évident que ça que de faire garder son enfant."
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Pour Rodrigo Arenas, "on va rajouter de la difficulté sur la difficulté, parce qu'on refuse de mettre l'argent sur la table qui est nécessaire pour faire en sorte que l'école ne soit pas un lieu de contamination tel que nous le connaissons aujourd'hui". Et de réclamer : "Il faut faire de la distanciation physique, donner des masques gratuits aux enfants, permettre aux enfants et aux enseignants de se laver les mains correctement, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui." "Il me semble que ce n'est pas une politique d'État que d'organiser la débrouille généralisée", conclut ce parent.
"Fermer l'école une semaine, on peut s'arranger, mais si ça durait..."
Nicolas, père d'une petite fille scolarisée en CM1, est moins remonté. Lui a appris dimanche à 16 heures que la classe de sa fille serait fermée cette semaine, mais va pouvoir s'organiser. "On a eu un mail et la directrice a pris la peine d'appeler tous les parents (...) Elle fait ce qu'elle peut avec le contexte", raconte-t-il, confiant avoir déjà pu s'organiser avec sa propre cheffe pour rester chez lui. "On a de la chance de pouvoir faire du télétravail, donc on va s'organiser entre ma femme et moi pour rester à la maison, travailler et essayer aussi de nous occuper de Chloé, de lui faire ses devoirs, et qu'elle ne passe pas trop de temps devant la télé."
Mais, ajoute Nicolas, cette situation ne peut pas durer éternellement. "Fermer l'école une semaine, on peut s'arranger, maintenant, si ça durait, ça serait compliqué", dit-il. "Cela pose la question de savoir s'il ne faudrait pas vacciner les enfants, parce que ceux qui sont le plus exposés ou qui permettent aux virus de circuler, je pense que c'est les enfants."