Selon un scénario médian de l'Institut Pasteur, 50.000 enfants et adolescents pourraient être infectés chaque jour à partir de septembre. 11:48
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Jonathan Grelier , modifié à
Selon les projections de l'Institut Pasteur, 50.000 enfants et adolescents pourraient être infectés chaque jour à partir de septembre. "C'est évidemment quelque chose d'inquiétant", explique la docteure en sciences politiques Mélanie Heard, également responsable du pôle santé du laboratoire d'idées Terra Nova, dimanche sur Europe 1.
INTERVIEW

Les 15 millions d'enfants et adolescents français risquent d'être touchés largement par l'épidémie de Covid-19 dans les prochaines semaines. C'est en tout cas ce que craint la docteure en sciences politiques Mélanie Heard, responsable du pôle santé du laboratoire d'idées Terra Nova, comme elle l'expliqué dans une tribune publiée dans le journal Le Monde. Selon les projections de l'Institut Pasteur, dans un scénario médian, la France pourrait compter 100.000 cas quotidiens de Covid-19 dès le mois de septembre avec 50.000 enfants et adolescents qui seraient infectés chaque jour.

Un bond des hospitalisations de 24% pour les enfants au Royaume-Uni

"C'est évidemment quelque chose qui est quand même inquiétant et qui ne peut pas être traité comme une information anecdotique", a estimé Mélanie Heard, dimanche sur Europe 1. Une inquiétude qui semble légitimée par la situation au Royaume-Uni : la semaine dernière, les hospitalisations d'enfants y ont fait un bond de 24% sous l'impulsion du variant Delta. Pour Mélanie Heard, il y a certes "près de 100 fois moins de risques pour un mineur que pour un adulte" de faire une forme grave après une infection au Covid-19, "donc c'est évidemment rassurant, il ne s'agit pas de dire le contraire".

Toutefois, "c'est simple, c'est une question de proportion", insiste-t-elle. "Si vous avez une proportion très faible d'un nombre petit, ça fait très peu de gens. Mais si vous avez une proportion très faible avec pour dénominateur des dizaines de milliers d'infections, vous êtes tout de même très inquiet." "50.000 contaminations chaque jour, ça fait quand même un nombre conséquent de vies bouleversées" chez les jeunes à cause des formes graves, souligne-t-elle.

"Une population moins protégée et donc plus attractive pour le virus"

Mélanie Heard s'inquiète dès lors d'une "couverture vaccinale qui est bien moindre chez les mineurs" et ce pour deux raisons. "D'abord parce que le vaccin n'est pas accessible aux moins de 12 ans et, d'autre part, parce que les 12-17 ans n'ont eu accès à la vaccination il y a seulement un peu plus d'une mois. On a donc une population qui, mathématiquement, est moins protégée et donc plus attractive pour le virus."

Outre l'inquiétude concernant les cas graves, "il y a un autre sujet qui commence à être très clairement mis sur la table", craint la docteure en sciences politiques. Il s'agit des Covid longs, "ces symptomatologies qui durent plusieurs semaines après l'infection et qu'on ne comprend encore pas très bien".

Elles "peuvent prendre la forme de fatigues chroniques, de difficultés à se concentrer, de difficultés respiratoires qu'on a bien décrites et bien reconnues chez les adultes et qu'on reconnaît maintenant également chez les mineurs", décrit-elle. "On a notamment des données britanniques sur des formes de ce type chez des mineurs qui durent plusieurs semaines, voire plusieurs mois après la contamination."

Des consultations spécialisées pour les Covid longs en Angleterre et en Suisse

Pour la spécialiste, il s'agit d'une véritable épidémie spécifique "qui est déjà décrite dans un certain nombre de pays". "Vous avez en Angleterre, en Suisse, des consultations spécialisées Covid longs en pédiatrie qui sont ouvertes pour essayer d'avancer sur la description de ces cas et sur leur meilleure prise en charge", indique-t-elle. "On est encore dans une science en train de se faire. Il ne s'agit absolument pas d'être trop catégorique sur ce sujet, mais on tournerait entre 2 et 10% des infections pédiatriques qui pourraient donner lieu à ce type de symptômes plusieurs plusieurs mois après l'infection", conclut-elle.