Le gouvernement veut accélérer la vaccination contre le coronavirus ce week-end, avec 135.000 doses qui doivent être acheminées dans des centres temporaires ouverts exceptionnellement dans les 23 départements en surveillance renforcée. En Ile-de-France, 44.000 doses en plus vont être injectées en deux jours. L'objectif est de multiplier les piqûres pour atteindre les 10 millions de Français vaccinés mi-avril dans les régions moins touchées. Ce qui passe d'ores et déjà par une mobilisation des médecins généralistes et, dans dix jours maintenant, celle des pharmacies. Europe 1 s'est rendue à Bordeaux et à Pierrefitte-sur-Seine, en Seine-Saint-Denis, où le personnel médical de proximité est sur le pont pour accélérer la cadence.
Le personnel médical de proximité au cœur de la stratégie
Dans sa pharmacie bordelaise, Amandine se prépare avec enthousiasme à vacciner contre le Covid-19. Ici, une pièce sera dédiée à la vaccination. "Il y a un nombre de règles à respecter. Il faut pouvoir aérer le local, bien sûr, entre deux patients, le désinfecter. Il faut aussi que les patients n'aient pas à passer devant notre zone de réserve de médicaments. Si les vaccins sont là, on sera prêts !", assure la pharmacienne. "Les gens sont dans l'attente : 'Dès que vous avez des vaccins, appelez moi', nous disent-ils. Il y a un lien assez étroit entre les patients et les pharmaciens d'officine".
Les pharmaciens pourront vacciner d'ici dix jours et en attendant, les médecins généralistes le peuvent déjà. En Gironde, par exemple, 54% d'entre eux se sont portés volontaires jusqu'ici pour injecter les doses d'AstraZeneca. "Les médecins connaissent leurs patients. Ils connaissent ceux qui, potentiellement, pourraient nécessiter un transport sanitaire et bénéficier d'une ambulance pour aller se faire vacciner, et ceux qui ne peuvent vraiment pas bouger de chez eux pour qui il faut organiser la vaccination jusqu'au domicile", explique le patron de l'Agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine, Benoît Elleboode. "L'AstraZeneca, il n'y a pas de dilution et on peut se déplacer avec lui. Quand il est sorti du frigo entre 2 et 8 degrés et que le flacon est ouvert, on a quelques heures pour le faire. Mais il est quand même beaucoup plus accessible que les autres vaccins, et notamment pour aller voir les patients à domicile".
"Le centre m'a appelé il y a 45 minutes"
A Pierrefitte-sur-Seine, en Seine-Saint-Denis, le centre de vaccination a mis en place des horaires "nocturnes" de 17h à 20h pour écouler les quelque 6.000 doses supplémentaires reçues par le département ce week-end. C'est le maire en personne et en voiture qui vient chercher certains des futurs vaccinés. "Je viens vous chercher devant chez vous, vous vous préparez. Je suis là dans un quart d'heure" Les patients étaient sur liste d'attente, prévenus à la dernière minute et ils arrivent ravis.
"J'aurai l'esprit plus tranquille. Parce qu'avec ma maman ou avec mes sœurs, c'est vrai qu'on ne se prend pas dans les bras, on ne se fait pas de bisou et ça, peut-être qu'on pourra le refaire". Pour ne pas gâcher les flacons ouverts, certains se font même vacciner hors critères, comme Olivier, 58 ans à peine. "On m'a proposé en me disant 'si jamais il reste des doses, est-ce que vous seriez intéressé ? J'étais tranquillement assis en train de regarder la télé et le centre m'a appelé il y a trois quarts d'heure", témoigne-t-il au micro d'Europe 1.
C'est le docteur Inès Perin qui va l'accueillir, mobilisée elle aussi au pied levé. "Je suis à peu près à la retraite donc j'ai un peu de temps libre et ça me semblait tout à fait normal de venir participer à cet effort". Quelque 150 personnes devraient être vaccinées ici en une journée.
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Quatre hôpitaux militaires mobilisés
Et ailleurs, les hôpitaux militaires prennent aussi leur part. Quatre établissements vont ouvrir des centres spécifiques ce week-end en Gironde, à Villenave-d'Ornon, mais aussi à Toulon, Metz ou encore à Saint-Mandé, près de Paris, avec l'hôpital Bégin. "Tout l'intérêt de pouvoir mettre quatre de ces hôpitaux à disposition, c'est de pouvoir justement accroître la capacité d'offre en matière vaccinale et donc de participer à cette accélération", précise Frédéric Barbry, porte parole de l'état major des armées. "La majorité des patients éligibles est d'ores et déjà identifiée, des patients qui se sont inscrits sur le site Doctolib et étaient en attente d'un rendez vous. S'il reste des créneaux disponibles, il faut pouvoir être éligible, à savoir entre 50 et 74 ans avec des comorbidités, ou plus de 75 ans. "
Depuis le début de la vaccination contre le coronavirus le 26 décembre dernier, un peu plus de 3,2 millions de personnes ont reçu une première dose de vaccin. Quelque 1,8 million de deuxième doses ont été injectées.