Après la levée volontaire de la plupart des barrages routiers d'agriculteurs en France, les forces de l'ordre ont évacué samedi les deux derniers blocages de la Confédération paysanne, syndicat classé à gauche qui n'avait pas suivi le syndicat majoritaire FNSEA dans l'appel à suspendre les actions après des annonces du Premier ministre Gabriel Attal. Le blocage du péage de Saint-Quentin-Fallavier (Isère), sur l'A43, ainsi que celui de la centrale d'achats Leclerc à Saint-Etienne-de-Montluc (Loire-Atlantique) ont été évacués, dans le calme, ont indiqué à l'AFP le syndicat et les préfectures concernées.
"On est en train de se faire évacuer par les forces de l'ordre, qui sont venues avec de gros moyens. On se fait déloger alors qu'on était tout à fait pacifiques", a déploré Jean-François Guitton, secrétaire général de la Confédération paysanne de Loire-Atlantique, en précisant "qu'il ne reste pas une trace" du passage des quelque 80 manifestants. Le site a été évacué "en raison des troubles à l'ordre public et des risques de pénuries et de pertes de produits frais", selon la préfecture de Loire-Atlantique. "Un individu s'est néanmoins rebellé et a été interpellé pour outrage et rébellion".
Indignation de la Confédération paysanne
La Confédération paysanne s'est indignée du "choix du gouvernement de traiter différemment les mobilisations et les organisations syndicales", dans un communiqué. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait donné tout au long du mouvement des consignes aux policiers et gendarmes pour laisser faire les barrages et actions d'agriculteurs, à moins qu'ils essaient de se rapprocher de Rungis ou de Paris. Si le gouvernement a répondu aux "intérêts personnels d'agri-managers spéculateurs" de la FNSEA, rien n'a été réglé sur la question centrale du "revenu" des agriculteurs, estime le syndicat.
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En Isère, l'évacuation du péage de l'A43, l'un des derniers axes encore entravés dans la région samedi matin, a permis la reprise de la circulation entre Lyon et Chambéry. "Les manifestants ont évacué les lieux dans le calme, il y a eu un dialogue entre manifestants et forces de l'ordre", a déclaré à l'AFP un porte-parole de la préfecture de l'Isère. Le péage était occupé depuis mardi par une dizaine de tracteurs et une quarantaine de personnes. Les manifestants ont souhaité "sortir dignement et en chantant", a dit Isabelle Douillon, une agricultrice du Rhône. Une "cinquantaine de gendarmes" ont été déployés, tout s'est passé "dans le calme et la sérénité", a-t-elle ajouté.
Des actions contre les hypermarchés
Les barrages de l'A43 et de la SCA Ouest étaient les deux derniers tenus par la Confédération paysanne, d'après une porte-parole de ce syndicat agricole, minoritaire derrière la FNSEA, les Jeunes Agriculteurs et la Coordination rurale. La "Conf'" était le dernier syndicat à avoir appelé à poursuivre la mobilisation ce week-end et la semaine prochaine, pour dénoncer la politique agricole du gouvernement et réclamer des mesures plus importantes sur la rémunération. De plus petites actions se poursuivent: un supermarché Leclerc a par exemple été bloqué samedi à Brignoles (Var). Les grandes surfaces sont d'ailleurs des cibles persistantes des agriculteurs, qui les accusent de presser les prix ou de vendre des produits étrangers.
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A Chinon et Loches, en Indre-et-Loire, quelques agriculteurs ont déversé du fumier devant deux hypermarchés Leclerc à l'initiative, cette fois, de la FDSEA 37 et des Jeunes agriculteurs (JA). Encadrés par les forces de l'ordre, les agriculteurs ont également contrôlé l'origine et l'étiquetage des produits. La FNSEA et les JA ont été les premiers jeudi à appeler à suspendre les blocages jeudi après une conférence de presse de Gabriel Attal. Les barrages ont commencé à être levés dans les heures suivantes, avec parfois des quantités importantes de déchets.
A midi samedi, seule l'A10 restait bloquée sur le réseau Vinci Autoroutes entre Saint-Maixent et Poitiers d'après le concessionnaire autoroutier. Le gouvernement a promis depuis lundi une enveloppe globale de 400 millions d'euros aux agriculteurs et annoncé la mise "en pause" du plan de réduction des pesticides Ecophyto, provoquant la colère des organisations et élus écologistes. FNSEA et JA ont donné au gouvernement jusqu'au Salon de l'agriculture (24 février-3 mars, à Paris) pour concrétiser ses annonces. Ils demandent aussi une loi d'ici au mois de juin.