Les jachères sont des terrains aujourd’hui vierges de toute exploitation. Cette période de repos permet au sol de régénérer naturellement son écosystème. En tout, ces jachères représentent près de quatre millions d’hectares au sein de l’Union européenne. En raison de l'invasion russe en Ukraine, le cours du blé s’est récemment envolé. Les spéculateurs, inquiets qu’une future pénurie voit le jour, ont ainsi fait monter les prix. Pour abaisser ces montants et rassurer les marchés sur la disponibilité en blé, l’Union européenne souhaite donc étendre ses surfaces cultivables.
Répandre sur 500.000 hectares en France
Pour les étendre, la Commission a annoncé la mise en culture des jachères, qui auront besoin d’être chimiquement stimulées pour produire. Nicolas Bricas travaille au Centre de recherche agronomique pour le développement (Cirad) : "Il va falloir enrichir ces sols", explique-t-il au micro d’Europe 1. "En France, on peut estimer à 500.000 hectares qui pourraient être mis en culture. Sur ces hectares, qu’on laisse aujourd’hui en repos, on étend l’usage des engrais et des pesticides", détaille le chercheur.
Ces pesticides, ajoutés en plus pour produire plus, sont exactement les mêmes que ceux utilisés aujourd’hui dans l’industrie céréalière. De même pour les engrais : "Ce sont des combinaisons avec de l’azote, du phosphate et de la potasse", précise Nicolas Bricas. "Et si on utilise beaucoup d’engrais chimiques, quand il se met à pleuvoir, l’engrais passe dans les eaux de ruissellement, et in fine l’eau de la mer", rappelle-t-il. "Les algues en Bretagne se sont développées parce qu’on a des résidus d'engrais chimiques qui se retrouvent dans l’eau. Cela tue toute la faune qui est périphérique, et aujourd’hui on ne sait pas bien comment on va récupérer ça", regrette le chercheur au Cirad.
Avec cette décision de remise en culture des jachères, l’Union européenne compromet également ses objectifs fixés pour 2030 : la réduction de 50% des pesticides et de 20% des engrais chimiques devient difficilement atteignable.