"On a réussi à creuser un tunnel sous la Manche et 30 ans après, on n'est pas capable d'évacuer l'eau sur un territoire". Sidéré, Jean-Luc fume une cigarette dans la cabine de son tracteur rouge, à l'abri d'une pluie battante. De la pluie, encore et toujours dans ce département, sous l'eau depuis plus d'une semaine. Si la décrue s'amorce, le retour de la pluie fait craindre une aggravation de la situation dans ce territoire où l'eau peine à s'évacuer et continue d'éloigner plusieurs habitants de leur logement.
30 à 40 cm ont notamment envahi les prairies de Jean-Luc, producteur de lait. Ses bêtes sont malades, touchées par la mammite. "C'est une infection de la mamelle due à l'humidité. On sait qu'il y aura des conséquences financières", déplore-t-il.
Des travaux d'adaptation réclamés
Guillaume a justement déjà fait les calculs. Le montant de ses pertes s'élève à plusieurs dizaines de milliers d'euros, ses cultures sont des lacs, ce qui aurait pu, selon lui, être évité en pompant l'eau vers la mer. "Si on était à Paris et qu'on demandait d'évacuer vers la mer, on serait complètement en contradiction. Mais là, on est à Calais. On a des capacités de pompage trois fois supérieures à Dunkerque. Donc, il faut que l'on mette les moyens à Calais, c'est du bon sens paysan", argue-t-il.
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Il faudrait également, selon les intéressés, redimensionner les canaux. Celui de l'Aa, par exemple, que montre Antoine Pénard, porte-parole local. "Il est envasé et vous voyez le débit : l'eau est freinée, il n'y a pas beaucoup de pente. Donc, on en appelle à madame la Première ministre Élisabeth Borne de réquisitionner une grue pour qu'on puisse curer ce fossé afin de mieux écouler l'eau à la mer", assure celui qui dit avoir adapté sa ferme au changement climatique. Et qui souhaite que le gouvernement adapte le territoire avec ces travaux qui apparaissent comme une évidence pour ces agriculteurs concernés.