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Caroline Baudry / Crédit photo : ARNAUD FINISTRE / AFP
Les habitants du hameau de La Bérarde, en Isère, ont pu regagner leur village plus d'une semaine après une crue dévastatrice. Mais face à l'ampleur des dégâts, ils sont nombreux à ne pas cacher leur amertume. D'autant que des travaux d'aménagement des berges étaient réclamés depuis des années, mais ils ont été ralentis, notamment par la présence d'un trèfle protégé.

Plus d’une semaine après qu’une crue dévastatrice a ravagé le hameau de La Bérarde, les 40 habitants ont pu retrouver leur village, mais restent incrédules face à l’ampleur des dégâts. Chalets éventrés, maisons fragilisées... Certains ne cachent pas leur amertume depuis la catastrophe. Cela faisait des années qu'ils réclamaient des travaux d'aménagement des berges, mais leur réalisation a été ralentie. L'une des raisons ? La préservation d'une espèce protégée de trèfle.

De minuscules pétales roses couronnés de feuilles à l'aspect cotonneux. Trésor des Alpes, rare et protégé par des lois locales et internationales : le trèfle des rochers est observé en 2022 dans le torrent des Étançons alors que des travaux d’élargissement sont enfin décidés.

"La découverte de ce trèfle et de ses fleurs n'a pas permis de poser les matériaux", explique Jean-Louis Arthaud, maire de la commune Saint-Christophe-en-Oisans. "Les 15 000 m² de matériaux qui auraient été extraits de l’ouvrage parce que c'est une espèce protégée. Ensuite, il y a eu une étude complémentaire sur la flore qui était dans le torrent pour évaluer s'il n'y avait pas d'autres espèces protégées. Et il s'avère que cette étude a pris du temps."

"Le parking a disparu, les trèfles aussi"

Son résultat était attendu d'ici à 2026. Problème : le réchauffement climatique n’attend pas, et la fonte des glaciers rend les cours d’eau menaçants. "Donc les travaux ne se sont pas faits. Ça n'aurait peut-être pas eu un impact à 100%, mais au moins, il y aurait eu une atténuation du phénomène", reprend Jean-Louis Arthaud. "Ce n'était pas quatre ou cinq plantes sur un parking ou un endroit où on pouvait stocker des matériaux qui allaient changer la face du monde. C’est une espèce protégée, on ne peut pas le nier, mais il y en a un peu partout sur le secteur. Aujourd'hui, le parking, bien évidemment, a disparu, les trèfles aussi."

Jean-Louis Arthaud tente d’apaiser la colère de ses administrés, ne pas revenir sur le passé. Mais impossible de cacher son dégoût devant ce au haut-lieu de l’alpinisme désormais défiguré.