Une dizaine de tracteurs sont installés devant les accès au parking d'un supermarché de Bailleul, dans le Nord. Sur les engins agricoles, plusieurs messages sont affichés. "Motivé mais pas payé. On en a plein les bottes, plus un rond. Filière lait en danger", peut-on lire. Ces jeudi et vendredi, les producteurs de lait manifestent dans plusieurs hypermarchés dans le nord de la France. Des actions pour dénoncer les prix de ventes des briques de lait, jugés trop faible selon eux. Depuis le début de la guerre en Ukraine, ces éleveurs constatent une stagnation du prix au litre alors que le coût de production augmente.
Des messages ont été affichés sur des engins agricoles.
Crédits : Maximilien Carlier/Europe 1
Des prix qui ne sont pas alignés avec l'Allemagne et la Belgique
Jean-Paul est éleveur à Hondschoote dans les Flandres, et il participe au blocage d'une grande surface de la commune. "C’est une grosse action, c’est voulu forcément. Nous manifestons car les prix français ne sont pas alignés sur les prix en Allemagne ou en Belgique donc ce n'est pas normal", explique-t-il au micro d'Europe 1. Dans ce supermarché, la brique de lait est vendue 79 centimes d'euro. Ces agriculteurs réclament un prix plancher à 99 centimes. Une augmentation qui leur permettra de vivre, expliquent-ils, étant donné la hausse du coût de production.
>> LIRE AUSSI - Paris : fruits et légumes en vente directe pour dénoncer les marges des grandes surfaces
"Toutes nos charges ont fortement augmenté. Il y a le GNR (gazoil non routier), le fioul pour faire tourner les tracteurs, L'électricité également, sans oublier l'eau", souligne Jean-Paul, "en plus, on est dans une sécheresse inouïe. La facture va être salée pour les éleveurs", ajoute-t-il.
Des messages ont été affichés sur des engins agricoles.
Crédits : Maximilien Carlier/Europe 1
La détresse des éleveurs qui veulent une juste rémunération
En conséquence, certains envisagent d’arrêter la production laitière. Il y a une détresse chez les éleveurs qui réclament une juste rémunération. "On demande la brique de lait à 99 centimes, cela représente une hausse d'environ 40 euros pour le consommateur par an", détaille Guillaume Cleenewerck, membre de la section laitière du Nord à la FDSEA.
"Est-ce qu'il (le consommateur) accepterait de payer un peu plus le prix au litre de lait pour sauver une filière, ou est-ce qu’on continue comme ça et on détruit la filière en place ?", lâche-t-il, avant de conclure : "L’autosuffisance alimentaire n’est plus un mythe. Si on nous empêche de travailler, on va faire rentrer du lait de l’étranger, plus cher et pas forcément aux mêmes normes environnementales."