C’est un homme de l’ombre qui fait entrer son métier dans la lumière. Ancien commandant des forces spéciales et ex-directeur du renseignement militaire, le général Christophe Gomart publie ses mémoires, Soldat de l'ombre, au cœur des forces spéciales. Dedans, il revient sur la vie des membres des forces spéciales de l'armée française et évoque les guerres secrètes et autres opérations discrètes menées par la France en territoire ennemi. Un témoignage rare d'un haut gradé de la "Grande muette", et une façon de "continuer à servir la France" après 36 ans sous les drapeaux.
Une sélection impitoyable, ciment de la confiance entre les hommes
S'il destine avant tout cet ouvrage à ses enfants, le général Christophe Gomart explique ce lundi au micro d'Europe Soir que ses mémoires sont aussi là pour "mettre en valeur ses forces spéciales" et expliquer que se sont des gens "comme vous et moi" qui font des choses extraordinaires.
Mais avant de rejoindre les 4.000 membres de cette unité fondée en 1992 pour observer, recueillir des informations, détruire un objectif ou "taper une cible", tout commence par un stage. Une véritable épreuve de force tant physique que mentale sur un an pendant laquelle les candidats "sont mis à bout pour voir comment ils réagissent". Une étape essentielle d'après ce haut gradé, car elle constitue le ciment de la confiance qui se noue entre les hommes sur le terrain et leurs chefs.
Parmi ces épreuves, celle du "mur breton", l'une des plus difficiles. Elle consiste à franchir à mains nues un mur de 2,20 mètres de haut. Mais cet obstacle est précédé d'une fosse large de 70 centimètres et profonde de 1,3 mètre... Un exercice redoutable.
Des hommes qui bravent la peur
Aguerris au-delà de la normale après de telles épreuves, les hommes des forces spéciales ne se débarrassent toutefois pas d'un sentiment : la peur. Une appréhension normale, rappelle le général Christophe Gomart, "sinon on serait considéré comme un peu fous". Le secret de ces forces spéciales qui peuvent se cacher pendant des jours en terrain hostile sans être découverts est donc ailleurs. "C'est l'entraînement, le 'drill'", avance le haut gradé. "On recommence X fois un exercice pour arriver au geste parfait, comme ça si quelque chose se passe mal, on sait comment réagir."
La mort, un risque permanent
"Quand on part au combat, c’est comme prendre sa voiture : on estime qu’on ne mourra pas, sinon c'est beaucoup plus compliqué de partir." Pourtant, chacun des 4.000 membres de cette unité d'élite sait que sa mission peut être la dernière et la hiérarchie y veille. "On s'assure que nos hommes prennent une assurance vie pour qu'ils commencent une démarche intellectuelle, qu'ils se disent qu'il y a un risque", détaille Christophe Gomart.
"Je crois qu'il est crucial de leur apprendre à réfléchir à la mort, c'est pour cela qu'on est accompagné par des aumoniers. Ils permettent d'avoir une vision un peu transcendantale de la vie et de la mort."