C'est un rituel qui la maintient en forme. Deux fois par semaine depuis décembre, Annie Duval guette l’appel de Patricia. Dès la première sonnerie, la centenaire se redresse dans son lit et agrippe le téléphone fixe. Patricia travaille pour la start-up Brin de Causette, qui met en relation des résidents d'Ehpad et des "papoteuse", chargées de maintenir avec eux des relations sociales et les aider à garder une bonne estime de soi. "On a toujours des choses à se raconter", sourit Annie Duval.
Faire preuve d’empathie, entretenir une conversation, gérer la détresse… Des compétences que Patricia a pu valoriser, après 20 ans de secrétariat médical. Devenue papoteuse l’an dernier, elle suit désormais cinq personnes dépendantes. "On crée un lien avec ces personnes âgées alors on connait un peu leur attitude, leur façon de parler. Ça nous permet de détecter tout de suite s’il y a un problème, et de faire remonter à la direction pour que ça ne prenne pas des proportions inquiétantes", explique Patricia.
Rendre le "care management" plus attractif
Les structures comme Brin de causette aimeraient faire reconnaître le métier de papoteuse afin d'instaurer des conventions collectives, proposer des formations certifiées et attirer de la main d'œuvre. Car c'est là le principal enjeu actuel du "care management" : rendre les métiers d'aide à la personne plus attractifs. D’après Pôle emploi, neuf dirigeants sur dix peinent à recruter dans ce secteur, principalement à cause des salaires bas, à peine plus élevés que le Smic, pour des métiers prenants et très éprouvants.
La Fédération des services d’aide à la personne mise donc sur l’innovation. Elle développe aujourd'hui le concept de "care manager", venu tout droit du Québec. Nouvelles formations, nouveaux diplômes… de quoi donner des perspectives d’évolution aux actuelles auxiliaires de vie. Des évolutions bienvenues alors que les besoins en la matière sont de plus en plus important. Et la tendance n'est pas prête de s'inverser.