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France 2 diffuse lundi soir, en deuxième partie de soirée, "Meufs de la cité", dernier volet d’un triptyque de documentaire signé Bouchera Azzouz sur la vie des femmes dans les banlieues. La réalisatrice, explique lundi sur Europe 1 comment des mondes différents s’entrechoquent et déplore : "Ce n'est pas ça, faire société".
INTERVIEW

Après Nos mères, nos daronnes puis On nous appelait beurettes, France 2 diffuse lundi soir en deuxième partie de soirée Meufs de la cité, la dernière partie du triptyque signée Bouchera Azzouz. Le documentaire s’intéresse à une troisième génération de femmes ayant grandi dans les cités françaises. Et comme les deux précédents, il pointe les différences entre les banlieues et le reste de la société française, et au sein même des cités.

"Elles se rendent compte qu’elles vivent dans des cités où il n'y a plus de mixité, plus du tout"

"C'est vrai qu'on sent quand même qu'il y a ce mot un peu à la mode, qui est le séparatisme. On a l'impression de venir de deux mondes différents et même à l'intérieur de la cité, les garçons, c'est aussi un autre monde", explique lundi sur Europe 1 la réalisatrice, qui suit dans son film quatre jeunes femmes au sortir de l’adolescence. "Il y a deux mondes dans un monde et on est tous de mondes différents, presque. Ce n'est pas ça, faire société", regrette-t-elle.

En appui de son propos, Bouchera Azzouz cite un extrait du film, dans lequel l’une des jeunes femmes raconte n’avoir fréquenté, au cours de sa scolarité et de son enfance, que très peu de femmes blanches. "C'est pour moi le moment le plus édifiant du film", estime la réalisatrice. "Elles cherchent, et elles se rendent compte, au moment où je leur pose la question, qu'effectivement, elles vivent dans des cités où il n'y a plus de mixité, plus du tout. Et quand l’une dit, depuis toute petite, je compte sur les doigts d'une main (les blancs que j’ai croisés), il y a quand même à se poser la question du rapport à l'organisation de notre société et le fait qu'on a une ethnicisation des quartiers. Et ça, c'est très, très grave."

"Il faut se poser la question de comment on en est arrivé là"

Le film montre un autre exemple, plus léger, quand les quatre jeunes femmes se promènent à Paris et semblent découvrir un nouveau monde, imitant même le comportement des Parisiennes. "Oui, c'est assez drôle. Effectivement, il y a une différence presque culturelle", sourit la réalisatrice. "On est de la culture urbaine, mais en même temps, on aime beaucoup. Moi, je revendique le fait d'être une banlieusarde, d'avoir grandi en cité. Ce n'est pas une tare. On apprend aussi beaucoup, on a des valeurs."

Reste que la situation est problématique, et qu’il faut en sortir. "Il faut se poser la question de comment on en est arrivé là. On est depuis 40 ans d'une succession de politiques de la ville en politique de la ville, et on oublie une chose qui est fondamentale, c'est l'humain", pointe Bouchera Azzouz. "On a refait les cités, on me dit les cités sont très belles, oui, mais en même temps, est-ce qu’on s'est posé la question de comment on attribue les logements ? Il y a une réelle ethnicisation de l'attribution du logement dans les quartiers populaires, pour acheter la paix sociale. Et ça, ce n'est pas normal."