"Nous sommes en mesure de valider le déconfinement sur l'ensemble du territoire métropolitain". Quatre jours avant la date butoir fixée au 11 mai et après des semaines d'arbitrages touchant tous les secteurs de la vie des Français, Edouard Philippe, entouré de plusieurs ministres, a précisé jeudi les détails de la "nouvelle phase" qui doit commencer lundi. Celle-ci doit durer trois semaines, avant de nouvelles décisions dépendant de l'évolution de l'épidémie de coronavirus. Voici la liste des principales annonces du gouvernement.
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Les départements de quatre régions métropolitaines classés "rouges"
Le gouvernement maintient l'objectif d'un déconfinement non territorialisé, même si "certains départements ont des résultats moins bons qu'espérés", selon Edouard Philippe. Sur la carte dévoilée par Olivier Véran, tous les départements des régions Île-de-France, Hauts-de-France, Bourgogne Franche-Comté et Grand Est sont ainsi classés "rouges". Les collèges y resteront fermés, tout comme les parcs et jardins.
Concernant les départements verts, si la situation reste stable pour les trois prochaines semaines, "nous pourrons envisager une nouvelle étape du déconfinement avec l'ouverture des lycées, l'ouverture des cafés, l'ouverture des restaurants", selon Edouard Philippe.
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L'Île-de-France et Mayotte, deux "situations particulières"
Edouard Philippe a insisté sur deux "situations particulières" : Mayotte et l'Île-de-France. Pour le premier, "le nombre de cas faible mais en augmentation" a poussé le gouvernement a prendre la décision de "retarder le déconfinement".
En Île-de-France, "le nombre de cas baisse sûrement, lentement, mais reste plus élevé que ce que nous espérions", a indiqué le Premier ministre. Concernant les personnes vulnérables vivant dans cette région, "il ne s'agit pas d'ordonner" mais le gouvernement leur recommande donc de "continuer à observer des règles de prudence très strictes qui ressemblent à celles des deux derniers mois." Des règles "très strictes" seront aussi mises en place dans les transports, "pour éviter qu'ils ne se transforment en vecteur de l'épidémie".
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"La France est prête pour tester massivement"
La France "est prête pour tester massivement" les personnes présentant des symptômes du coronavirus ainsi que celles avec lesquelles elles ont été en contact, à partir du 11 mai , a assuré le ministre de la Santé, dévoilant la carte de ce troisième critère de déconfinement, totalement verte. Cela signifie que "la capacité de dépistage est aujourd'hui au niveau des besoins estimés" à 700.000 tests par semaine, selon le ministre.
Olivier Véran a ainsi détaillé le protocole pour les personnes présentant des symptômes "évocateurs", qui se verront prescrire un test si leur médecin le juge nécessaire. Celui-ci pourra être réalisé en laboratoire, à l'hôpital, en drive ou à domicile, par une "brigade". Il sera remboursé à 100% par l'Assurance maladie. En cas de résultat positif, le patient devra être isolé et l'Assurance maladie mènera une "enquête" pour identifier les personnes avec qui il a été en contact. Celles-ci devront rester isolées, avec un arrêt de travail si elles ne peuvent pas télétravailler, en attendant un test effectué sept jours après le dernier contact avec le malade.
1 million d'élèves feront leur rentrée la semaine prochaine
"Entre 80 et 85%" des écoles de France seront ouvertes la semaine prochaine, a indiqué le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer, selon qui "1 million d'élèves retourneront dans leurs classes" et seront accueillis par 130.000 professeurs après une "pré-rentrée" des enseignants, plus ou moins longue selon les départements. La priorité restera donnée aux classes de Grande section, CP et CM2.
En France, le premier degré (maternelle et élémentaire) totalise 6,7 millions d'écoliers et 379.000 enseignants. La semaine prochaine, le retour à l'école concernera donc moins d'un écolier sur six. Comment savoir si son enfant est concerné ? Les parents d'élèves "doivent être informés personnellement cette semaine par l'école, qui travaille avec la mairie", a expliqué le ministre.
Concernant les collèges, le gouvernement envisage toujours une réouverture la semaine du 18 mai dans les départements classés "verts".
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Pas de déconfinement dans les Ehpad, une prime pour tous les salariés
Concernant les Ehpad, dont les pensionnaires constituent une population particulièrement fragile face au virus, le gouvernement ne prévoit pas "d'assouplissement supplémentaire", a indiqué le ministre de la Santé Olivier Véran. "Les visites des proches pourront se poursuivre si la situation de l'établissement le permet", a-t-il poursuivi, annonçant par ailleurs une aide "exceptionnelle" de 475 millions d'euros en direction des établissements pour personnes âgées. Une prime de 1.500 euros sera aussi versée à tous les personnels des Ehpad des 33 départements "où l'épidémie aura été la plus forte". Elle sera de 1.000 euros pour tous les autres.
Masque obligatoire dans les transports en commun, maximum 20 à 30% des TGV
"S'agissant des transports en commun en milieu urbain, l'objectif est d'augmenter l'offre le plus vite possible", a indiqué la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne, précisant souhaiter un retour à la normale pour la fin du mois de juin. Concernant la RATP, "plus de 75%" de l'offre sera disponible dès lundi, mais "l'objectif est que la fréquentation, qui est aujourd'hui de 6%, ne dépasse pas 15%", grâce au maintien du télétravail et à l'étalement des horaires des salariés.
Le port du masque sera obligatoire dans les transports en commun pour les passagers à partir de 11 ans et les contrevenants seront passibles d'une amende de 135 euros. En Île-de-France, l'accès aux transports en commun sera "réservé aux heures de pointe aux personnes détenant une attestation de leur employeur, ou ayant un motif impérieux pour se déplacer."
Pour ce qui concerne les TGV et Intercité, le trafic, de 7% aujourd'hui, sera de "20 à 30%" la semaine prochaine et "maximum 40% fin mai", selon Elisabeth Borne. La réservation sera obligatoire et l'occupation des trains plafonnée à 50% des places.
Une nouvelle attestation pour les déplacements de 100 km
A compter de lundi, il sera possible de se déplacer sans attestation dans la rue en France, à l'exception de Mayotte, a indiqué le ministre de l'Intérieur. Les déplacements seront par ailleurs autorisés dans la limite de 100 km "à vol d'oiseau" autour du domicile, à condition de remplir une nouvelle attestation, disponible en format papier comme numérique. Parcourir plus que cette distance "reste possible" si l'on reste au sein de son département, a précisé Christophe Castaner. Des dérogations pourront aussi être accordées en cas de motif impérieux, comme un décès ou le soutien à une personne fragile.
Dans les transports en commun, "les agents assermentés pourront sanctionner les infractions", comme le non-respect du port du masque, selon le ministre de l'Intérieur. En renfort, 20.000 policiers et gendarmes pourront être mobilisés.
Les plages, lacs et centres nautiques fermés sauf exception
Concernant les "plages, lacs et centres nautiques", "la règle générale reste la fermeture après le 11 mai", a indiqué Christophe Castaner. Leur ouverture sera toutefois possible "au cas par cas", sur autorisation des préfets, sollicités par les maires, a précisé le ministre de l'Intérieur.
Concernant le sport, seule la pratique "individuelle" et "extérieure" sera autorisée à partir de lundi.
Une reprise des cérémonies religieuses avec public "d'ici la fin du mois"
Quant aux rassemblements religieux, le gouvernement travaille avec les responsables des cultes, "aux conditions d'une reprise des cérémonies" avec du public "d'ici la fin du mois", selon Christophe Castaner. La réponse fait notamment écho aux demandes pressantes de l'épiscopat catholique, qui souhaite pouvoir célébrer la Pentecôte, le 31 mai.
400.000 entreprises "vont rouvrir", des aides maintenues après le 11 mai
Au premier jour du déconfinement, "400.000 entreprises qui représentent 875.000 emplois" vont rouvrir, selon le ministre de l'Economie Bruno Le Maire. "Ce sont 77.000 salons de coiffure, 33.000 commerces d'habillement, 15.000 fleuristes, 3.300 libraires qui vont rouvrir, c'est la vie sociale et économique qui va pouvoir redémarrer", a-t-il ajouté.
Le gouvernement a précisé que l'État continuerait "d'être présent" pour les entreprises après le 11 mai. Bruno Le Maire a notamment confirmé la prolongation jusqu'à fin mai du fonds de solidarité pour les petites entreprises et les indépendants, ainsi que l'exonération de charges sociales sur trois mois pour les petites entreprises ayant dû fermer sur décision administrative.
Des restrictions aux frontières avec les pays européens, fermeture pour les autres
Les restrictions aux frontières de la France avec les pays de l'espace européen (Union européenne, Schengen, Royaume-Uni) seront "prolongées jusqu'au 15 juin au moins" et les frontières avec les pays non-européens "resteront fermées jusqu'à nouvel ordre", a annoncé Christophe Castaner. Avec les pays européens, la libre circulation des travailleurs frontaliers sera préservée, a-t-il ajouté.
En outre, les mesures de quatorzaine "pour toute personne française ou étrangère entrant en France" ne seront pas appliquées au sein de l'espace européen à ce stade, "sauf Outre-mer et, si nous le décidons, en Corse", selon le ministre de l'Intérieur. Enfin, pour franchir les frontières avec les pays européens voisins, "certaines dérogations supplémentaires seront rendues possibles" comme celles concernant "la garde, la visite ou la scolarité d'un enfant" ou "un motif économique impérieux" y compris les travailleurs saisonniers agricoles.