C’était l'une mesure phare du premier quinquennat d’Emmanuel Macron : le dédoublement des classes de CP et de CE1 en zone d’éducation prioritaire (ZEP), dans la limite de 12 élèves par classe. C’est d’ailleurs une réforme renforcée puisqu’elle sera étendue à l’ensemble des classes de Grande section pour ces mêmes établissements, à la rentrée 2024. Mais qu’en est-il, cinq ans plus tard, des conséquences de ce dispositif en CP et CE1 ?
Un résultat en demi-teinte
Le résultat se révèle être en demi-teinte, dans les 10.800 classes concernées et pour les 300.000 élèves visés. Pour le côté positif, il y a moins d’élèves et c'est donc plus de temps pour chaque enfant. Laura*, enseignante de 31 ans, garde un très bon souvenir de son remplacement en CP à Paris en 2021 : "Au niveau du temps de lecture, il est important que les élèves puissent lire chaque jour et l'effectif dédoublé permet d'offrir à chacun un temps plus long. La classe est aussi plus silencieuse", raconte-t-elle.
Une mesure à 500 millions d'euros
Sur le niveau scolaire, il y a aussi du mieux mais les résultats sont un peu décevants au vu du coût de la mesure : 500 millions d’euros. Cinq ans après, les CP-CE1 en grande difficulté en maths et français en zone d’éducation prioritaire sont passés de 40% à environ 30%.
La faute, peut-être, à un manque de place et de profs. Camille est professeure des écoles à Vénissieux, près de Lyon : "On n'a pas le nombre de salles qui correspond au nombre de classes dédoublées. Sur mon école, il y a quatre classes qui fonctionnent à 24-26 avec deux enseignants dans la même classe."
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"On a enlevé des moyens aussi pour dédoubler les classes. L'inspecteur de l'académie du Rhône a des consignes du ministère qui lui disent de dédoubler. Ça lui coûte tant de postes et les autres classes sont plus chargées à 25, 26, 28 élèves", explique-t-elle. Certains enseignants auraient préféré que l’ensemble des classes soit limité à 18 élèves, plutôt qu’un déséquilibre général des effectifs.
*Le prénom a été modifié