"Ce sont des faux-documents très bien faits, de bonne facture", précise Xavier Delrieu, chef de l'OCRIEST, l'office central pour la répression de l'immigration irrégulière et de l'emploi des étrangers sans titre. "Des papiers qui ont pu échapper à l'œil d'un policier, pas spécialement formés à la fraude documentaire", admet le commissaire divisionnaire. Après 11 mois d'enquête - démarrée en juillet 2020 - les enquêteurs ont saisi une soixantaine de faux-documents français, belges, suisses et espagnols. Des permis de conduire, passeports et cartes d'identité, vendus entre 1.500 et 2.000 euros l'unité.
Cette filière - implantée en région parisienne - alimentait des réseaux de trafiquants de drogue ainsi que le milieu du grand banditisme, "le haut du spectre parisien", ajoute Xavier Delrieu. "C'est rare, peu de faussaires fournissent ce genre de délinquants". Des individus qui maîtrisaient les techniques d'investigation, avec peu d'appels téléphoniques. "Tout était bien organisé pour ne pas identifier les têtes du réseau", raconte le chef de l'OCRIEST.
"Grâce à ces documents, certains ont pu prendre l'avion"
Les colis de faux-papiers arrivaient de Turquie, un pays stratégique pour ce genre de filière, étant donné l'importance de ses flux migratoires. "Grâce à ces documents, certains ont pu prendre l'avion sans aucune difficulté, circuler librement sur le territoire, et en même en Europe", détaille l'enquêteur.
Neuf personnes ont été interpellées début juin, dont l'organisateur de cette production et ses complices. Parmi eux : des salariés d'auto-écoles ainsi qu'un cordonnier qui aidait à la confection des dossiers avec des faux-tampons de mairie et de préfecture.