"Nous avons pris la décision inédite et difficile de démissionner collectivement." Ils sont plus de 1.200 praticiens, chefs de service dans des hôpitaux français, à avoir écrits ces mots à Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, dans une lettre où ils se disent "déçus" du plan d'urgence du gouvernement annoncé fin novembre. Ces médecins vont continuer d’assurer les soins, mais ont l'intention de démissionner de leurs fonctions d'encadrement qui comprend de nombreuses tâches administratives, comme trouver des lits ou gérer le manque de personnel.
"Expliquer à une famille que l’on doit annuler une intervention le matin même parce que l’on n’a pas de place en réanimation augmente la charge de stress pour tout le monde. Ça n’est pas agréable d’annoncer qu’une intervention ne pourra pas être effectuée", explique au micro d’Europe 1 le professeur Jouve, chef du service pédiatrique de l'hôpital de la Timone à Marseille. Ce praticien assure passer 40% de son temps à régler des problèmes administratifs. "La coupe est pleine, stop !", s'agace-t-il.
"Je me demande si on est vraiment en France. C’est inadmissible"
Un chef de service qui démissionne de ses tâches administratives, l’initiative est inédite. Elle est largement saluée par les personnels. "Ça peut faire bouger les choses", estime Nadège, une axillaire puéricultrice. "On n’a pas de lit, pas de drap, on n’a pas de quoi faire des pansements aux enfants. Je me demande si on est vraiment en France. C’est inadmissible."
Le manque de moyens et de personnel perdure malgré les annonces de la ministre de la Santé. Pour Alexia, une infirmière, rien n’a changé. "On est toujours en attente d’être payé pour nos heures sup’. Et lorsqu’il manque quelqu’un, on est appelé pendant nos jours de repos pour revenir parce qu’il n’y a personne pour faire tourner le service." Dans les couloirs de la Timone, les affiches revendicatives sont toujours scotchées sur les murs : "Pour un hôpital humain, il nous faut des moyens."