Dépakine : "les malformations sont précises et identifiables"

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La Dépakine augmente considérablement le risque de malformations © AFP
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Charles Joseph-Oudin défend les victimes présumées de la Dépakine, un anti-épileptique qui augmente les risques de malformation chez les enfants dont la mère prenait ce médicament.
INTERVIEW

Une enquête a été ouverte par l'Igas mardi concernant le valproate, un médicament anti-épileptique commercialisé sous le nom de Dépakine. Il est soupçonné de causer de graves malformations et troubles du développement chez les enfants dont la mère le prenait pendant sa grossesse. Invité sur Europe 1, Charles Joseph-Oudin, avocat des victimes présumées, a déposé trois plaintes pour déterminer les responsabilités d'un médicament dont les effets secondaires étaient, selon lui, connus depuis le milieu des années 80.

L'agence "a tardé". Pour l'heure, l'avocat, qui avait déjà défendu les victimes du Mediator, refuse de pointer le doigt vers un responsable en particulier. "Les accusations peuvent être portées soit contre les agences de santé, soit contre les laboratoires producteurs", déclare-t-il sur Europe 1. En revanche, Charles Joseph-Oudin note des dysfonctionnements : "Ce qui est certain, c'est que l'agence [de santé] a tardé, puisqu'il a fallu attendre décembre 2014 pour que les patientes et les médecins prescripteurs soit informés [des risques] et attendre mai 2015 pour que ce médicament ne soit plus prescrit à une femme enceinte. Ce qui a été fait en mai 2015 aurait dû au minimum être fait au milieu des années 90", dénonce-t-il.

Un taux de malformation très élevé. En effet, indique Charles Joseph-Oudin, les effets secondaires de la Dépakine sont connus et même admis par le laboratoire. "Il est scientifiquement démontré et admis par le laboratoire que ce produit a des effets nocifs sur le foetus", a-t-il dit. D'ailleurs, "les malformations qui apparaissent sont précises et identifiables. Il s'agit de spina bifida [qui touche la colonne vertébrale] et chez les garçons, d'hypospadias", une malformation de l'urètre.  

Le problème, pour l'avocat, c'est qu'on ignore le nombre de victimes présumées de la Dépakine. "Nous avons demandé avec l'association des victimes qu'une étude soit réalisée pour calculer précisément combien de femmes sont touchées", a dévoilé Charles Joseph-Oudin. "On ne sait pas précisément combien d'enfants ont été exposés à la Dépakine pendant la grossesse et combien sont nés avec des malformations. On a un ordre de grandeur : plusieurs centaines d'enfants par an en France". Il faut dire que le risque de développer des problèmes est "énorme", estime l'avocat. Il s'élève à "10% [pour les malformations physiques], c'est-à-dire 3 à 4 fois supérieur à la normale. Le risque que l'enfant développe des troubles du développement, type autisme, est de 30 à 40%. On a presque un risque sur deux que l'enfant présente des troubles neuro-développementaux". Désormais, "les familles veulent comprendre et dégager des responsabilités pour que ceux qui ont failli soient sanctionnés".