Sanofi est responsable. Le tribunal judiciaire de Paris a tranché. Le laboratoire n’a pas suffisamment informé les patients sur les risques de la Dépakine pour le fœtus en cas de traitement pendant la grossesse. Ce médicament qui traite de l'épilepsie est responsable de malformations et de troubles neurodéveloppementaux chez plus 30.000 enfants, selon les chiffres de l’Assurance maladie et de l’Agence du médicament (ANSM).
"Des troubles neurologiques importants" pour son fils
En France, dans le domaine de la santé, c’est la première fois que la justice déclare recevable une action de groupe, engagée il y a cinq ans par l'Association d'aide aux parents d'enfants souffrant du syndrome de l'anti-convulsivant (Apesac). La présidente de cette association de victimes, Marine Martin, a consommé de la Dépakine pendant ses deux grossesses. Aujourd’hui, sa vie, celle de sa fille mais surtout celle de son fils, diagnostiqué autiste asperger, a été bouleversée.
"Il a des troubles neurologiques importants et une fatigabilité très forte. Dès qu’il (son fils) rentre le soir, ce n’est pas la peine que je lui demande grand-chose, que ce soit de mettre la table ou de préparer à manger. Ce sont des choses qu’il ne peut pas gérer au quotidien. On s’habitue, mais notre vie a été marginalisée à cause de ça", raconte-t-elle au micro d'Europe 1.
Une première alerte sur le médicament il y a dix ans
Pour cette maman qui a lancé l’alerte sur les risques concernant la Dépakine il y a dix ans, cette situation est toujours très lourde à porter. "J’ai l’impression d’avoir empoissonné mes enfants. J’ai l’impression d’avoir détruit leur cerveau en essayant de me soigner. Je ne pouvais pas me passer de médicament, mais j’aurais pu me passer d’être enceinte", souffle-t-elle.
Si la responsabilité reconnue de Sanofi dans cette affaire représente un grand soulagement pour l’ensemble des victimes, "cela ne répare rien", rappelle Marine Martin, qui demande des excuses publiques. Le combat n’est d’ailleurs pas terminé pour l’association qui va maintenant tenter d’obtenir des indemnisations. De son côté, le laboratoire français a décliné, une nouvelle fois, toute responsabilité liée à la Dépakine et a d’ores et déjà fait appel. La présidente d’Apesac conclut en souriant : "Je suis toute petite à côté de ces gens. Mais bon, David contre Goliath, on peut y croire quand même".