Une année difficile qui s'achève dans le marasme. Avec les annonces du Premier ministre Jean Castex jeudi soir, les Français ont de nouveau pris un coup sur la tête : le reflux de la deuxième vague du coronavirus étant à l'arrêt, le gouvernement a douché les espoirs d'un retour à un début de vie normale. Les lieux culturels sont maintenus fermés et il faut faire une croix sur le traditionnel réveillon du Nouvel An. La joie d'entendre de la bouche du Président Emmanuel Macron en novembre que l'épidémie régresse laisse donc place de nouveau à une vigilance accrue.
Un Français sur cinq ne va pas bien
Ce nouveau revers est en réalité le dernier d'une longue série qui fait de l'année 2020 une année noire. Cette période a été difficile à traverser pour de nombreux Français, car elle s'est accompagnée de mesures inédites, entre les confinements, les couvre-feux et parfois la découverte du télétravail. Et cela se ressent sur leur moral : d'après Santé publique France, un Français sur cinq ne va pas bien et le nombre de personnes atteintes de symptômes anxieux ou dépressifs a été multiplié par deux depuis la rentrée de septembre et le reconfinement.
Chez les adultes, cette souffrance morale se manifeste par la peur de contracter ou de diffuser le coronavirus, mais aussi par de la tristesse, de la colère, de la fatigue et des insomnies. Ce phénomène se traduit très concrètement en pharmacie, puisque les officines ont vendu entre mars et septembre un million de boites d'anxiolytiques et un demi-million de boites de somnifères de plus qu'attendu.
Ceux qui sont le plus touchés ces symptômes dépressifs ou anxieux sont les étudiants, dont la vie sociale a été complètement interrompue par les cours à distance et la fermeture des bars, mais aussi les personnes âgées, souvent sensibles à la solitude. Sans oublier les personnes qui ont perdu leur emploi.
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Vers une augmentation du nombre de suicides ?
Si, pour la plupart des personnes, ces symptômes vont s'estomper une fois que la vie aura repris ses droits, ce ne sera pas le cas pour tout le monde. Et cela inquiète beaucoup Michel Debout, sociologue et membre de l'Observatoire du suicide. "Il y a des groupes dans la population, comme les jeunes, les chômeurs, les petites entreprises, les artisans, les commerçants ou encore le monde de la culture, qui ont le sentiment d'être laissés pour compte, d'être abandonnés" affirme-t-il. "Évidemment, cela provoque des sentiments négatifs, dépressifs. Et chaque fois que les pensées suicidaires augmentent, les passages à l'acte augmentent."
"Toutes les crises, et ça a été prouvé dès la grande crise de 1929, ont montré que les suicides augmentaient dans les deux années qui la suivaient. C'est bien ce que je crains : si rien n'est fait, on connaîtra une augmentation préoccupante du nombre de tentatives de suicide et du nombre de suicides en 2021 et même jusqu'en 2022."
Un espoir nommé vaccin
Mais dans ce marasme qui pourrait s'achever tragiquement, une bonne nouvelle semble redonner espoir aux Français : le vaccin. Dans une récente enquête, leur confiance en l'avenir a bondi de 10 points grâce à la perspective de cet antidote. Autre enseignement de cette enquête, les Français trouvent même deux points positifs aux conséquences de cette crise sanitaire sans précédent dans l'Histoire récente. D'abord, une nouvelle façon de travailler grâce au télétravail et puis un plus grand investissement de la part du gouvernement dans la santé.
Une application pour lutter contre les effets psychologiques de la crise
Avant d'en arriver à prendre des médicaments pour soulager des symptômes d'anxiété, de stress ou de dépression, des solutions non-médicamenteuses existent. Le CHU de Bordeaux a par exemple mis au point une application baptisée Kanopée 2. Cette dernière propose "un repérage clinique pour limiter des problèmes de sommeil et de comportements addictifs, marqueurs précoces de l'anxiété, du stress et de dépression liés à la crise du Covid-19", peut-on lire sur le site de l'hôpital.
"On a voulu mettre en place des indicateurs de mesure qui lient le sommeil, l'activité physique, les plaintes de fatigue et de dépression, de façon à mieux aider les utilisateurs dans ce contexte psychologique très difficile", détaille au micro d'Europe 1 le professeur Pierre Philippe, spécialiste du sommeil au CHU de Bordeaux.