"[Quand] le train s'est arrêté, on a tous pris ça avec philosophie en se disant : 'Ça aurait pu être très très grave.'" Ce passager du train à grande vitesse (TGV) qui a déraillé jeudi matin à une trentaine de kilomètres au nord de Strasbourg alors qu'il était en direction de Paris en a conscience au micro d'Europe 1 : sans l'enclenchement du dispositif de freinage d'urgence par le conducteur, les conséquences de l'accident auraient pu être bien pires.
"On est passés à côté d'une catastrophe", a confirmé Jean Rottner, le président de la Région Grand Est. Heureusement, aucun mort n'est en effet à déplorer. Victime d'un "enfoncement du thorax", le conducteur du TGV, qui filait à 270 km/h au moment de l'accident, a été hospitalisé en "urgence absolue", selon le cabinet de la préfète du Bas-Rhin. Mais ses jours n'étaient pas en danger jeudi en fin de journée.
"On a eu effectivement tous très peur"
Survenu à Ingenheim, non loin de Saverne, l'accident a fait une vingtaine de blessés parmi les 348 passagers à bord. Quatre d'entre eux ont été hospitalisés, selon un bilan définitif de la préfecture. "Ça a été vraiment un choc violent, comme si on prenait une barre de fer sur l'avant du train. A côté de moi, il y a des jeunes femmes qui se sont jetées par terre parce que les vitres sur les côtés se sont totalement fissurées. On avait l'impression que ça allait exploser et elles voulaient éviter d'être blessées au visage notamment. On a eu effectivement tous très peur", poursuit le passager.
"Imaginez 500 tonnes qui tapent un obstacle à 300 km/h, c'est incroyable"
En toute vraisemblance, l'accident a été provoqué par un glissement de terrain. "Il semblerait que ce talus se soit fissuré par le haut et dès lors tout a glissé. Toute la masse de terre du haut du talus au bas a glissé un peu comme une grande plaque de neige sur une distance qui n'est pas très longue, mais suffisamment longue pour arriver sur la voie", a expliqué le président de la SNCF Jean-Pierre Farandou. "Imaginez 500 tonnes qui tapent un obstacle à 300 km/h, c'est incroyable."
Avant le déraillement, cinq autres TGV étaient passé sur l'axe, le premier à vide en éclaireur, comme tous les jours. Trois enquêtes ont été ouvertes : une par la SNCF, une autre par le Bureau d’enquête sur les accidents terrestres et une par le parquet de Strasbourg.