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Lionel Gougelot avec AFP // Crédit photo : Isabelle Souriment / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP , modifié à
Deuxième semaine de mobilisations pour les agriculteurs contre le traité de libre-échange que l'Union européenne négocie avec des pays du Mercosur. Des agriculteurs qui ciblent les préfectures et les autoroutes comme dans le Pas-de-Calais et dans les Ardennes pour dénoncer les "entraves" et les "normes", affirment les syndicats agricoles. 

Pneus et fumier déversés devant la préfecture du Pas-de-Calais, barrages filtrants sur l'A21 à l'appel de la Coordination rurale, mur devant la préfecture des Ardennes à l'appel de la FDSEA: les agriculteurs ont entamé lundi une deuxième semaine de mobilisations. À Arras, une centaine d'agriculteurs ont convergé vers la préfecture en début de matinée, traversant la ville avec une cinquantaine de tracteurs, avant de déverser ballots de paille, palettes, pneus et fumiers devant la préfecture, a constaté un journaliste vidéo de l'AFP.

"L'année a été catastrophique dans beaucoup de domaines"

Pour Patrick Legras, agriculteur et président de la Coordination rurale pour les Hauts-de-France, "les problèmes de revenus sont fondamentaux pour au moins 50% des agriculteurs". "L'année a été catastrophique dans beaucoup de domaines, les céréales, les fièvres catarrhales, sur les élevages", a-t-il ajouté, déplorant que "la seule chose qu'on nous propose c'est des prêts pour rembourser des prêts". "On nous demande toujours plus de produits à bas coût, et ça, ce n'est pas possible, avec des normes qui sont toujours plus importantes pour nous", a souligné Damien Salomon, co-président de la Coordination rurale du Pas-de-Calais.

 

Après une première semaine de mobilisations contre le traité de libre-échange que l'Union européenne négocie avec des pays latino-américains du Mercosur, les syndicats agricoles poursuivent leurs actions pour dénoncer les "entraves" et les "normes", à quelques semaines de leurs élections professionnelles. Dans les Ardennes, la FDSEA a mené des actions contre la préfecture de Charleville-Mézières, et les sous-préfectures de Sedan, Rethel et Vouziers. Selon la préfecture, 121 tracteurs et 178 agriculteurs étaient mobilisés au total dans le département.

Avec du parpaing et du ciment, "on va construire des murs pour représenter la distance qui sépare le paysan et l'administration", a déclaré Thierry Huet, animateur de la FDSEA des Ardennes à l'AFP. "Le message c'est stop aux surtranspositions, stop aux réglementations qui tuent nos métiers", a ajouté Thierry Huet. "Aujourd'hui l'agriculture a trois problèmes essentiels : il n'y a pas de pognon, alors qu'on a eu une année catastrophique au niveau climatique; il y a la FCO (fièvre catarrhale ovine, NDLR); et les prix qui ne sont pas rémunérateurs".

À Vierzon, dans le Cher, plusieurs dizaines d'agriculteurs ont organisé à l'appel de la Coordination rurale des barrages filtrants sur l'autoroute A20 reliant Toulouse à Paris, visant les poids lourds frigorifiques français et étrangers. Selon Bison Futé, deux barrages filtrants ont été mis lundi en place dans le sens Toulouse-Vierzon puis au niveau de la barrière de péage A20/A71.

"On est quand même une agriculture française, il faut quand même arriver à s'en sortir quoi"

À Arras, les habitants ont assisté à un défilé de tracteurs. Des pneus, des palettes et du fumier ont été déversés devant la préfecture. Les agriculteurs de la Coordination rurale sont en action pour maintenir la pression sur les pouvoirs publics : "La révolte agricole n'est pas passagère. La révolte agricole ira jusqu'au bout pour garder au maximum nos agriculteurs français dignes, rémunérés et présents". Une semaine après la relance du mouvement contre le Mercosur et pour la survie d'une agriculture libérée du poids des normes, les paysans en bonnet jaune ne voient toujours rien venir de la part du gouvernement. 

"Quand on parle de normes, c'est des contraintes qui viennent sur nos exploitations et qui au final ont un impact sur nos résultats. Pour l'instant, on ne peut pas dire qu'on a eu des réponses claires qui agissent sur le revenu des agriculteurs, comme l'élevage laitier, l'élevage bovin, l'engraissement. On est quand même une agriculture française, il faut quand même arriver à s'en sortir quoi". Alors forcément, dans ce contexte, les mobilisations vont se poursuivre. 

"Le gouvernement ? Je pense qu'il est complètement obsolète sur le monde agricole, que la mobilisation va prospérer de département en département. C'est une histoire de survie de notre profession. On est là pour entretenir le paysage français et nourrir sainement la population". Des responsables de la Coordination rurale, qui plus est, très en colère contre la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, présente ici-même à Arras, jeudi dernier, mais qui n'avait pas souhaitée aller à leur rencontre.