Une privatisation de la police à Nice : c'est ce que redoute un syndicat de policiers qui attaque l'autorisation donnée par la préfecture des Alpes-Maritimes à la Ville de déployer dans les rues des maîtres-chiens d'une société privée, a annoncé son président.
"La sécurité publique doit rester dans la sphère publique et relever d'une autorité publique", a estimé Cédric Michel, président du syndicat de défense des policiers municipaux (SDPM).
"On est en train de privatiser la police. C'est gravissime". "Dans la rue, les agents de sécurité privée sont des citoyens lambda, sans aucun pouvoir de police. Où va-t-on si on leur donne le droit de dire à des gens 'Dégagez de là', on est en train de privatiser la police, c'est gravissime", a-t-il déploré.
Le SDPM a envoyé jeudi un recours administratif préalable au préfet pour demander l'abrogation, dans les 72 heures, de l'autorisation donnée à la ville, a indiqué ce responsable syndical, précisant "qu'à défaut, nous engagerons une requête en annulation, en urgence, devant le tribunal administratif".
La préfecture a indiqué de son côté avoir donné cet accord sur la base de l'article 613-1 du code de sécurité intérieure. Ce texte permet à l'État d'autoriser "à titre exceptionnel" des sociétés de sécurité privée "à exercer sur la voie publique des missions, même itinérantes, de surveillance contre les vols, dégradations et effractions visant les biens dont ils ont la garde."
La ville veut réduire les incivilités. Mercredi, la ville de Nice avait annoncé "la mise en place d'un dispositif de maîtres-chiens pour compléter la présence de la police municipale et les interventions de la police nationale", en évoquant la nécessité de "réduire les incivilités" dans cinq secteurs de la ville et ce pour "une période d'un mois et sur une plage horaire déterminée".
"Je souhaite avec ce dispositif compléter l'action des forces de l'ordre avec des relais et des actions différenciées au service du bien-être des Niçois", avait indiqué le maire LR de Nice Christian Estrosi. Ce dernier a ajouté que la proscription due à la menace terroriste de la "présence en point fixe de policiers" justifiait "sur certains créneaux, l'appui d'agents de sécurité privés accompagnés d'auxiliaires canins".
Dans un communiqué, l'opposant PS Patrick Allemand, dénonçant "un pas vers la privatisation de la sécurité", a jugé cette mesure est "d'autant plus incompréhensible que la police municipale a les effectifs les plus élevés de France et dispose de 2.173 caméras de vidéosurveillance".