Des opposants aux rejets en mer et au stockage en plein air des "boues rouges" de l'usine Alteo de Gardanne, sont venus en déverser un chargement mardi à Paris devant les portes du ministère de la Transition écologique. Les boues avaient fait le trajet en camion depuis les Bouches-du-Rhône, après avoir été prélevées ce week-end sur leur site d'entreposage, ont indiqué les militants de l'association de protection de l'océan ZEA. "On y est entré comme dans un moulin, on y a même vu des joggeurs", a déclaré Olivier Dubuquoy, géographe et fondateur de cette ONG.
Bravo à #ZEA et à mon ami Olivier Dubuquoy pour cette action #stopbouesrouges. Nous avions servi à #Valls premier Ministre un apéro aux boues rouges il y a 2 ans ; là De Rugy devrait avoir une indigestion aux boues rouges. Il faut que cesse au plus vite ces boues rouges toxiques. pic.twitter.com/Ew5wthMTyF
— Barles Sebastien (@sebbarles) 12 février 2019
"Boues rouges toxiques, ni en mer ni à terre", pouvait-on lire sur une banderole tenue par des militants au-dessus du tas de déchets. Une dizaine de personnes participait à cette action devant le ministère. Une partie des boues devait aussi être déversée devant les portes du fonds d'investissement HIG, propriétaire d'Alteo.
Vers des livraisons régulières ? L'usine d'alumine de Gardanne "cherche à agrandir son stockage de boues rouges à terre, à poursuivre ses rejets en mer et à 'valoriser' ces déchets radioactifs et chargés de métaux lourds pour les disséminer partout en France", ont dénoncé les représentants de ZEA. "Face à l'inaction de l'État et au cynisme de l'industriel et d'HIG, nous avons décidé que les responsables allaient devoir apprendre à vivre avec ces pollutions de boues rouges", explique l'association dans un communiqué. Elle leur promet "d'organiser régulièrement des livraisons".
Un site d'entreposage en plein air autorité par l'État. Depuis 2016, sur ordre de l'État, Alteo - qui en 50 ans a envoyé en Méditerranée plus de 20 tonnes de ces "boues" chargées d'arsenic ou de cadmium - , entrepose ses résidus solides de bauxite à terre, sur le site en plein air de Mange-Garri, vaste espace désolé au milieu de la pinède de Bouc-Bel-Air, près de Gardanne.
Mardi à Paris, les manifestants ont appelé "l'État et la Métropole à refuser l'augmentation de la zone de stockage de Mange-Garri demandée par Alteo", et l'industriel à mettre le site en sécurité, garantir la sûreté des eaux souterraines, stopper l'envol des poussières.
Des rejets dans la mer grâce à des dérogations. Le leader mondial des alumines de spécialité continue en outre à rejeter ses effluents liquides en mer, au cœur du Parc national des Calanques, en vertu de dérogations accordées par l'État. En 2018, la justice a réduit de deux ans, à fin 2019, le délai accordé à l'usine pour mettre ces rejets liquides en conformité avec les normes environnementales. Alteo produit des éléments destinés à l'industrie électronique (écrans plats, batteries) et emploie à Gardanne 450 personnes.