Elles seraient entre 5.000 et 8.000 mineures à se prostituer en France. En Seine-Saint-Denis, un tiers d'entre elles a moins de quinze ans, beaucoup sont déscolarisées, et la plupart ont déjà souffert de violences, en particulier sexuelles. C'est ce qu'estime un rapport inédit publié mardi par l’Observatoire des violences faites aux femmes.
Premier enseignement, la moitié de ces prostituées mineures a grandi dans une famille marquée par des violences conjugales, et en ont elles-mêmes été victimes. La majorité est en échec scolaire. "Moi je sais comment me débrouiller sans l'école", explique une adolescente citée dans le rapport. Le plus souvent, c’est souvent à la faveur d’un suivi par la protection de l’enfance que l'on découvre qu'elles se prostituent, plus ou moins régulièrement.
Rôle déterminant des réseaux sociaux
Pour le reste, il s’agit principalement de signalements transmis par Education nationale. C’est par exemple le cas de cette adolescente de 15 ans, surprise par un proviseur dans les toilettes avec trois lycéens. Les réseaux sociaux jouent un rôle déterminant, notamment pour entrer en contact avec les clients, estime par ailleurs le rapport. Un assistante sociale note qu’une adolescente a été sollicitée jusqu'à 900 fois en une journée.
La plupart du temps, ces adolescentes ne se considèrent pas comme victimes, et incitent même leurs amies à se prostituer. Les "recruteuses" sont payées en moyenne 350 euros par nouvelle adolescente introduite : les réseaux se développent ainsi par contagion. La moitié de ces mineures ont été placées dans des foyers ou des familles d’accueil, avec un constat d’échec, puisqu'une grande partie d'entre elles a fugué et continué à se prostituer. Le rapport préconise donc la création de foyers spécifiques, avec des professionnels formés et des groupes de parole.