L'islam de France cherche sa réponse face à l'extrémisme. Trois grandes mosquées et des fédérations musulmanes réunies à la Mosquée de Paris, lundi, ont condamné les "appels injustifiés au boycott des produits français". Elles ont aussi lancé des pistes de réflexion sur les réponses possibles à apporter pour lutter contre la radicalisation. Pour Anouar Kbibech, président du rassemblement des Musulmans de France et invité d'Europe 1, mardi matin, cela passe notamment par la mise en place d'un "Grenelle de la prévention de la radicalisation".
Plus de "déclarations de principe"
Celui qui est également l'ancien président du Conseil français du culte musulman affirme qu'il "faut qu'il y ait une prise de parole claire et nette" des musulmans, assumant le besoin de mieux faire passer les messages anti-radicalisation. "Avec leurs institutions, leurs fédérations, leurs composantes, ils le font, mais peut-être pas d'une manière audible et crédible. Il faut qu'on renforce notre communication."
Sur le fond, Anouar Kbibech milite pour "des actions concrètes sur le terrain" contre la radicalisation, et non simplement "des déclarations de principe", un mois après le discours d'Emmanuel Macron sur les séparatismes et deux semaines après la décapitation du professeur Samuel Paty.
Un "contre-discours" face à la haine
"Nous avons commencé à imaginer un certain nombre d'actions concrètes, telles que l'élaboration d'un contre-discours" aux discours de haine, poursuit-il. "Ce travail de clarification, de haut niveau théologique pour la contextualisation d'un certain nombre de versets du Coran et de hadîths (les paroles du Prophète), ne peut être fait que par les musulmans."
Enfin, "nous avons également appelé à la mise en place d'un Grenelle de la prévention de la radicalisation, parce que la question de la radicalisation et du terrorisme est multidimensionnelle et multifactorielle. Elle concerne des acteurs d'ordre politique, économique, social et religieux." C'est le sens de l'appel lancé lundi à Paris par plusieurs instances de l'islam de France : "Il faut que tout le monde fasse bloc pour venir à bout de ce fléau des temps modernes."