Un hashtag et derrière, des drames du quotidien. Face à la recrudescence des actes homophobes, Urgence Homophobie a lancé le 18 décembre une campagne de sensibilisation sur les réseaux sociaux, avec le soutien de plusieurs personnalités. Les chanteurs Christophe Willem et Emmanuel Moire, l'actrice Laura Smet ou encore l'humoriste Vincent Détienne ont ainsi directement relayé depuis leur compte personnel les récits d'agressions LGBTQI-phobes recueillis par des associations, et accompagnés du hashtag #LeurHistoireMonHistoire.
Invité mercredi du Tour de la question, sur Europe 1, Alexandra Muyle et Arnaud Gagnoud ont été agressés ces derniers mois, en raison de leur sexualité. Au micro de François Clauss, ils évoquent tour à tour cet épisode traumatique et ses suites.
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Alexandra Muyle a été agressée avec sa compagne en novembre, dans une rue du 9ème arrondissement de Paris. Résultat : 21 jours d'ITT et une opération.
"On était dans la rue avec mon amie et nous nous sommes embrassées. De là a surgi un individu qui lui a violemment tiré les cheveux pour que l'on arrête de s'embrasser, et puis il est reparti, comme si de rien n'était. […] Je lui ai couru après pour lui demander des explications, et là il s'est retourné et m'a assénée un violent coup de poing au visage. J'ai eu quatre fractures, et un os enfoncé a cause de ce coup de poing.
C'est une agression dépourvue de toute logique à mon sens. On ne fait rien de mal en tant que tel. Si toutes les personnes qui s'embrassent dans la rue devaient subir les assauts des uns et des autres pour quelque raison que ce soit, ce serait compliqué. On serait tous à se taper dessus à longueur de journée…
[...]
On a porté plainte tous les deux, puisque l'on s'est vraiment fait agresser toutes les deux. On a rencontré une personne malveillante, un soir au coin d'une rue sombre, en revanche le lendemain, que ce soit au commissariat, aux unités médico-judiciaires ou à la Pitié Salpêtrière, toutes les personnes que l'on a rencontrées dans ces différents bâtiments, tous les chauffeurs de VTC… on est tombé uniquement sur des gens qui étaient d'une telle bienveillance et d'une telle solidarité. On s'est dit : 'on est tombé sur un gros con et, derrière, on a eu 50 personnes qui étaient merveilleuses !'
Peut-être qu'on en parle plus aujourd'hui, la parole s'est libérée, tant chez les homophobes que chez les victimes. Je me suis faite agressée il y a 25 ans, en sortant de boîte. Je m'étais pris un violent coup de tête dans le nez, et à l'époque je n'avais pas porté plainte. C'est peut-être ça qui a changé aujourd'hui.
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Arnaud Gagnoud et son compagnon ont été vivement pris à partie par une bande de jeunes à la sortie d'un théâtre parisien en septembre. Les photos de son visage tuméfié ont fait le tour du web et ont été largement médiatisées. Bilan : sept points de suture et quatre jours d'ITT.
"Dans la nuit du 18 au 19 septembre, on est allé au théâtre avec mon compagnon et à la sortie du théâtre, en discutant, on s'est fait un câlin. À ce moment-là, un groupe de trois jeunes qui étaient à une trentaine de mètres nous ont vus, sont venus vers nous et ont commencé à nous insulter. Ils nous ont demandé de quitter le quartier, parce que dans leur quartier, 'il n'y avait pas de PD'. On a refusé de partir, ils ont appelé des amis et, très vite, on s'est retrouvé entouré par six personnes.
Là, ils ont continué à nous insulter…et puis les coups. J'ai reçu deux coups de casques de scooter en plein visage et plusieurs coups de pied au niveau du bas et du milieu du dos.
Je pens[ais]qu'ils [allaient] se lasser au bout d'un moment, déverser toute leur haine et que ça [allait] se terminer comme ça. À aucun moment je n'ai pensé que l'on allait tomber dans la violence physique, même si l'on a [reçu] une bonne grosse quantité de propos homophobes, tels qu'on n'en avait jamais reçus autant dans la rue. J'ai pensé que ça allait s'arrêter là.
La police a retrouvé l'un des agresseurs, mais s'arrête là. […] On nous a clairement fait comprendre, par de nombreux sous-entendus, que c'était grâce à la mobilisation des gens sur les réseaux sociaux et ensuite grâce aux médias que notre affaire avait été traitée.
C'est un gamin qui fait partie de cette homophobie ordinaire, cette homophobie de l'ignorance qui ne sait pas ce que c'est qu'être homosexuel, qui ne sait pas que ce n’est pas un choix que l'on fait, mais que l'on naît comme ça, et que le seul choix que l'on a c'est de s'assumer ou de resté caché. Lui pense que c'est un mode de vie,. […] Ce garçon-là n'a jamais reçu de cours au collège ou au lycée sur ce qu'est être homosexuel et sur les luttes homosexuelles."
>>> Retrouvez l'intégralité des témoignages d'Alexandre Muyle et d'Arnaud Gagnoud