Quatorze écrivains et journalistes français ont adressé jeudi des "voeux pour la liberté de l'information" aux journalistes emprisonnés en Turquie, publiés sur le site du magazine français L'Obs et dans le quotidien d'opposition turc Cumhuriyet.
"Tu n'est pas seul, Ahmet". Le dessinateur Plantu, les journalistes Florence Aubenas, Edwy Plenel, Elise Lucet, Pierre Haski ou l'académicien Goncourt Bernard Pivot, y écrivent notamment "pour que les journalistes derrière les barreaux sachent qu'on ne les oublie pas" et "pour faire entendre leur combat par-delà les frontières", souligne le journal."Tu n'es pas seul, Ahmet", lance l'écrivain Sorj Chalandon au journaliste d'investigation Ahmet Sik. "Ta famille, tes camarades, tes amis en Turquie ou ailleurs, (nous) sommes un peu de ta liberté confisquée, des oiseaux qui te survolent et du vent qui te parle."
"C'est la liberté que je te souhaite". Fabienne Sintes, journaliste à France Inter, adresse ses vœux à Zehra Dogan, jeune artiste et journaliste kurde emprisonnée. "Pour 2018, c'est la liberté que je te souhaite. Celle d'aller et venir ; celle aussi, d'écrire et de peindre; comme nous le faisons nous ici sans réaliser pleinement la chance qui est la nôtre". Le documentariste Jean-Xavier de Lestrade, les journalistes Annick Cojean, Marie-Monique Robin, Patrick de Saint-Exupéry et Jean-Claude Guillebaud, et la femme de lettres Catherine Clément ont également rédigé des vœux. Ces messages ont été publiés dans le cadre d'une campagne menée par la société d'auteurs la Scam et le Prix Albert-Londres, en partenariat avec Reporters Sans Frontières (RSF) et le collectif Informer n'est pas un délit.
Jugés pour "activités terroristes". Le procès des collaborateurs du journal Cumhuriyet, dont la prochaine audience aura lieu le 9 mars, suscite l'inquiétude des partenaires occidentaux de la Turquie, où plus de 55.000 personnes ont été arrêtées dans le cadre de l'état d'urgence instauré après le putsch manqué. Au total, 17 dirigeants, journalistes et autres employés actuels ou passés de Cumhuriyet sont jugés pour "activités terroristes", une affaire qui cristallise les inquiétudes liées à l'érosion de la liberté de la presse en Turquie.