Deux conducteurs de la Ville de Paris, interpellés fin mai à bord d'un camion-poubelle dont ils voulaient déverser le contenu devant le siège de La République en Marche, risquent la révocation lors d'un conseil de discipline vendredi.
Un camion-poubelle détourné. Le 25 mai au matin, Jean-Jacques, 57 ans, et Christian, 58 ans, tous deux membres du syndicat CGT FTDNEEA (filière traitement des déchets eaux égouts assainissement), ont enjoint "sans violence" un agent conduisant une benne à ordure dans le 17ème arrondissement de Paris de leur laisser son véhicule, qu'ils ont ensuite conduit jusqu'à la place de l'Opéra, ont-ils raconté.
Parallèlement, plus d'une centaine d'éboueurs, énergéticiens, cheminots et égoutiers se dirigeaient vers le siège de LREM, dans lequel ils sont ensuite brièvement rentrés pour procéder à des coupures d'eau, de gaz et d'électricité. Alors que la benne - qui était géolocalisée - était "arrêtée en warning" à "200 mètres de l'objectif", le siège de LREM, les deux conducteurs ont été arrêtés de manière "brutale", relatent Jean-Jacques et Christian.
Une opération soutenue par le syndicat. "Le symbole de l'opération, c'était de démontrer quel serait le chaos s'il n'y avait pas de services publics", a expliqué un responsable de la CGT FTDNEEA. Le détournement de la benne "n'est pas une action isolée" mais organisée et soutenue par le syndicat, a-t-il appuyé. Mao Péninou, adjoint à la mairie de Paris en charge de la Propreté, avait déploré cette action. "Honnêtement, dans le contexte terroriste actuel, nous avons eu très peur", avait-il tweeté, qualifiant l'opération de "car-jacking".
Suspendus et convoqués devant le tribunal de Paris. Après leur garde à vue, Jean-Jacques et Christian ont été suspendus et ont par conséquent interdiction de se rendre sur leur lieu de travail et de militer. Ils perdent environ "30%" de leur salaire. Ils ont réclamé le report du conseil de discipline, arguant de la période estivale qui empêcherait plusieurs témoins d'être présents. Cette demande sera étudiée par les membres du conseil vendredi.
Tous deux sont également convoqués devant le Tribunal de grande instance de Paris mercredi. "Tout ça cumulé, ça fait beaucoup par rapport aux 20 minutes de peur qu'ils ont pu réellement provoquer, certainement", a estimé auprès un membre du bureau du syndicat.
Une cagnotte et une pétition. En soutien, une cagnotte a été lancée, ainsi qu'une pétition en ligne qui a recueilli 1.500 signatures dont celles du secrétaire général de la CGT Philippe Martinez ou du député de la France insoumise Eric Coquerel. Un rassemblement est programmé devant le TGI mercredi midi.