Deux ans après, quel bilan pour le Grenelle contre les violences conjugales ?

Depuis plusieurs années, il y a eu une mobilisation de l’ensemble de la société sur les violences conjugales, suivi d'un Grenelle spécifique il y a deux ans. Alors que les chiffres annoncés par le ministère de l’Intérieur de violences amplifiées pendant le confinement font froid dans le dos, on vous explique pourquoi ce paradoxe est positif.
S’il y a plus de violences conjugales recensées , c'est parce qu'il a plus de signalements. Ce constat reflète en effet l’efficacité des mesures mises en œuvre depuis le Grenelle. A commencer par la formation de plus de 90.000 policiers et gendarmes pour le recueil de plainte d'abord, mais aussi le déploiement des téléphones grave danger, avec 1.969 actifs actuellement. Il y a également eu une augmentation des bracelets anti-rapprochements posés sur le conjoint violent, avec 676 sur tout le territoire. Les places d’hébergement pour les femmes ont augmenté et les ordonnances de protection sont aujourd’hui décidées par le juge sans dépôt de plainte dans un délai de six jours.
Pas assez pour les associations
Mais ça n’est pas encore assez pour Ernestine Ronai, responsable de l’Observatoire départemental des violences faites aux femmes de Seine-Saint-Denis. Il y a eu près de 5.000 mesures décidées lors du Grenelle , il en faudrait 50.000 : "Ce qui reste à gagner, mais qui a été commencé au moment du Grenelle, c'est l'idée d'une culture de protection et qu'on sépare la protection de la sanction", détaille-t-elle. "Lorsqu'une femme révèle des violences, c'est tout de suite qu'il faut la protéger, elle et ses enfants. Et ensuite viendra la sanction, après une enquête plus longue."
Un autre problème subsiste et il est souligné par toutes les associations : la question du retrait ou de la suspension de l’autorité parentale du conjoint violent. La loi de 2020 suspend automatiquement l’autorité d’un conjoint qui a tué sa femme, mais ça n’est pas définitif et pas systématique pour ceux qui les frappent sans les tuer. "Il faudrait aller plus loin, par exemple, en interdisant la résidence alternée ou la résidence exclusive chez l'auteur des violences", explique Françoise Brié patronne du 3919, le numéro d’urgence pour les femmes. Dans l’entourage d’Élisabeth Moreno, on souligne qu’une réflexion est en cours sur une meilleure protection des enfants , qui pourront notamment être parties civiles lors de procès.