"Il parle de caresses. Ma femme me caresse. Lui, c'était de la masturbation, il me touchait comme un sauvage." Tel est le témoignage de l'une des victimes du père Preynat. Ce prêtre est au cœur d'un procès pour de multiples agressions sexuelles sur des enfants, dont certains avaient parfois moins de 10 ans à l'époque des faits. Les deux premiers jours de procès ont permis d'entendre les témoignages des dix victimes qui se font partie civile. L'une d'elle évoque une cinquantaine d'abus durant deux ans, entre 1990 et 1991. Jeudi après-midi, les cas de 25 autres victimes ont été évoqués, mais les faits sont prescrits.
Un prédateur sexuel qui agressait ses victimes à la chaîne
Au deuxième jour du procès, la lecture, la succession de récits glaçants d’agressions sexuelles, de caresses intimes sur certains enfants, de masturbation sur d’autres a donné une impression terrible : celle d’un véritable prédateur qui agressait ses victimes à la chaîne.
"Il m’est arrivé de croiser un enfant sortir de la pièce et moi j’arrivais, donc j’étais le deuxième", raconte une victime. "Quand je sortais du petit local derrière l’église, je croisais un autre enfant qui venait. C’est arrivé plusieurs fois comme ça. Il faisait ça avec plusieurs enfants dans la même journée, c'était une industrie", poursuit-elle.
"Il me baissait mon short, me touchait le sexe, me masturbait, m'obligeait à me masturber et m'a demandé parfois de le masturber, de caresser son sexe... Il me retournait pour se frotter contre moi", détaille une autre victime devant le tribunal correctionnel. Cet homme avait 8 ans à l'époque des faits. Face à la multitude de témoignages, Bernard Preynat répète ses excuses, demande pardon. Il n'oublie pas, au passage, d'égratigner l'Eglise. L'institution est coupable, à ses yeux, de l'avoir laissé agir. "On s'est très vite rendu compte que j'étais attiré par les petits garçons", dit-il. La seule réponse de sa hiérarchie ? Lui dire qu'il était "malade" ou "anormal". "J'aurais bien aimé qu'on me donne à la place les clefs pour m'en sortir et me soigner", se défend le religieux.
"Je ne l'ai jamais raconté à personne"
"On aurait dû m'aider... On m'a laissé devenir prêtre", explique-t-il encore à l'évocation d'une thérapie suivie à l'hôpital psychiatrique du Vinatier, près de Lyon, en 1967 et 1968. Puis il se lance, d'une voix faible, dans un récit au cœur duquel il aurait été lui-même la victime sexuelle d'un prêtre, puis d'un séminariste, au cours de son enfance. "Je ne l’ai jamais raconté à personne", souffle-t-il, sans que personne ne sache s'il dit la vérité ou s'il s'agit d'une simple stratégie de défense.