"Le temps du système universel est venu". Sept jours après le début de la grève contre la réforme des retraites, le Premier ministre Édouard Philippe a dévoilé mercredi sa réforme des retraites devant le Conseil économique, social et environnemental (Cese). Il a ainsi présenté "l'architecture" de la réforme visant à fondre les 42 régimes de retraite actuels (spéciaux, fonctionnaires, salariés du privé, libéraux, artisans, agriculteurs...) en un seul système universel par points.
Dans la première partie de son discours, Édouard Philippe a insisté sur le principe d"universalité" de cette réforme allant vers la "suppression des 42 régimes existants".
"De la prose politicienne"
Invité sur Europe 1, Christian Grolier, secrétaire général de la Fédération générale des fonctionnaires (Force ouvrière) estime que cette annonce ne va pas calmer la colère de la rue. "Le mouvement social enclenché depuis le 5 décembre n’a pas été entendu", explique-t-il. "La réponse apportée n’est pas de nature à calmer les manifestants et les grévistes. C’est évident que les assemblées générales risquent de renouveler le mouvement. Par rapport au mot d’ordre qui était le retrait d’un régime universel par points, je ne vois pas en quoi ce qui est déjà annoncé peut nous satisfaire".
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De son côté, Thierry Babeck, secrétaire général de l’UNSA RATP, également invité sur Europe 1, assure que le Premier ministre tente, avec ce discours, d'apaiser les tensions. "J’ai le sentiment qu’il cherche dans un premier temps à s’attirer le soutien de l’opinion publique", lance-t-il, alors que celle-ci "soutient majoritairement le mouvement social". "C’est de la prose politicienne, il ne veut pas de rapport de force mais il est là le rapport de force. Il faut bien qu’il le gère désormais", analyse-t-il, en affirmant que l'"on n’est pas dans le monde de Oui-Oui".
Édouard Philippe a également annoncé une retraite de 1.000 euros garantie pour une carrière complète au Smic. "Le système universel permettra de mieux protéger les Français les plus fragiles, qui sont de fait trop souvent les oubliés du système", a-t-il plaidé, précisant que ce minimum de pension "sera garanti par la loi à 85% du Smic dans la durée et évoluera comme celui-ci". Une annonce qui fait bondir Christian Grolier. "Pour une carrière complète, il faut faire 43 ans pour bénéficier de 1.000 euros minimum de retraite. Que l'on ne fasse pas croire à tous les agriculteurs que demain ils auront 1.000 euros de pension par mois. Ils l'auront seulement s’ils ont cotisé pendant 43 ans", s'indigne-t-il.
"Quid de ceux qui n’ont pas de primes ?"
Autre point qui fait réagir dans le studio d'Europe 1 : la prise en compte des primes des fonctionnaires dans le calcul des pensions, qui "leur permettront d'acquérir des droits" selon le Premier ministre, qui a ajouté que le niveau des pensions des enseignants sera "sanctuarisé" dans la loi. "Quid de ceux qui n’ont pas de primes ?", s'interroge Christian Grelier, perplexe, avant de préciser qu''environ 1 million d'enseignants dans la fonction publique de l’État et plusieurs milliers d'agents dans la fonction publique territoriale, notamment ceux qui sont dans les petites collectivités", sont concernés par cette absence de primes.
À propos de l'âge de départ à la retraite, incluant un âge d'équilibre fixé à 64 ans en 2027, Christian Grolier explique qu'il s'agit d'une "mauvaise nouvelle". "C'est fini le départ à la retraite à 62 ans", constate le secrétaire général de la Fédération générale des fonctionnaires (Force ouvrière). "Certes, légalement [62 ans] restera l'âge d'ouverture des droits mais on aura un taux plein qu'à 64 ans.", précise-t-il. Thierry Babeck, lui, partage ce sentiment d'amertume. "Notre revendication, à nous chez UNSA RATP, est que le même traitement soit appliqué à tous les salariés aujourd'hui présents dans l'entreprise. On peut lui dire au revoir pour l'instant", dénonce-t-il.