Les immigrés et leurs enfants, notamment maghrébins, sont plus touchés par le chômage que les personnes nées en France de parents français, selon une étude de l'Ined publiée mercredi, qui met en évidence une corrélation entre leur sentiment de discrimination et leur situation objective.
Taux de chômage plus élevé. L'Institut national d'études démographiques a mis en perspective la situation des immigrés non européens sur le marché du travail et leur ressenti en matière de discrimination. Pour pouvoir comparer la situation des immigrés et celle de la population majoritaire, l'organisme a redressé la composition de ces groupes en fonction d'une multitude de facteurs, autres que les discriminations, pouvant influer sur leur situation professionnelle : âge, niveau d'éducation, niveau de français, possession d'un permis de conduire, état de santé, situation familiale, origine sociale, nationalité française ou non, localisation géographique...
Malgré le redressement, l'Ined observe "un écart de taux de chômage élevé, de l'ordre de 4 à 5 points" en défaveur des immigrés non européens et de leurs enfants. Les écarts sont plus importants pour les maghrébins que pour les immigrés non européens nés dans une autre région. Ils grimpent jusqu'à 7 points pour les femmes immigrées originaires du Maghreb. Parallèlement, "les immigrés et fils et filles d'immigrés non européens déclarent plus que les autres avoir vécu des situations de refus injustifiés d'emploi", note l'Ined, qui juge "largement significatifs" ces "écarts de sentiment de discrimination", même après redressement. "Ils sont les plus élevés pour les immigrés et enfants d'immigrés du Maghreb et plus marqués chez les hommes que chez les femmes", ajoute l'étude.
Ressenti bien réel. Ces perceptions témoignent-elles de discriminations avérées ? Pour avoir un élément de réponse, l'Ined a comparé le ressenti de chaque personne à sa situation objective sur le marché du travail. "Par exemple, si, dans un groupe d'actifs, un homme diplômé, avec le permis de conduire, une bonne santé, etc. est au chômage alors que ses homologues sont massivement en emploi, cela signale une anomalie qui peut être indicatrice d'une discrimination à l'encontre de cette personne", explique l'institut. Résultat: l'Ined observe bien une "correspondance entre ce que les individus déclarent avoir vécu comme discrimination dans l'accès à l'emploi et la mesure 'objective' de l'injustice de leur situation actuelle".