Trois mois après la disparition de Maëlys en Isère, l'homme suspecté de l'avoir enlevée devrait obtenir jeudi l'annulation de ses premières déclarations en garde à vue, mais pourrait être dans la foulée enfin ré-entendu par les juges d'instruction.
Une requête en nullité. Ces deux séquences judiciaires vont s'enchaîner dans la matinée. La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Grenoble doit tout d'abord rendre à huis clos son arrêt sur la requête en nullité plaidée par la défense il y a dix jours.
Le suspense est relatif, le parquet général ayant lui-même requis d'annuler quatre auditions de Nordahl L. lors de sa première garde à vue le 31 août, quatre jours après la soirée de mariage dans la salle des fêtes de Pont-de-Beauvoisin, durant laquelle l'enfant a soudainement disparu.
Une annulation peu importante. En raison d'une erreur de procédure, les déclarations de l'ex-militaire de 34 ans n'avaient alors pas été filmées, alors que le code pénal l'exige pour une affaire criminelle. Les enquêteurs assurent s'être "préparés" de longue date à cette probable annulation et ne pas attacher trop d'importance à ces premières déclarations qui faisaient surtout apparaître, selon eux, les "contradictions" de celui qui a toujours nié être impliqué dans la disparition de la fillette.
Une seconde garde à vue capitale. Une extension de l'annulation à la seconde garde à vue - celle qui a débouché sur sa mise en examen pour enlèvement après la découverte d'une trace ADN de la fillette dans sa voiture - serait autrement plus déstabilisante. Mais la chambre de l'instruction ne devrait pas aller jusque-là et les trois juges chargés du dossier devraient pouvoir ré-interroger Nordahl L., qu'ils n'ont pas revu depuis son incarcération le 3 septembre.
Une audition plusieurs fois repoussée. Fin octobre, l'avocat avait obtenu le report de l'audition de son client, faute d'avoir eu toutes les pièces du dossier. Il avait ensuite porté plainte pour violation du secret de l'instruction, en raison de multiples fuites dans la presse, et déposé une requête en nullité après avoir découvert la bourde commise au début de l'enquête. L'offensive passée, les magistrats devraient interroger longuement Nordahl L. car "l'enquête a avancé même si cela ne dit pas où est l'enfant", estime une source proche du dossier.
Au cœur des investigations figure un enregistrement d'une caméra de vidéosurveillance à Pont-de-Beauvoisin, la nuit de la disparition. Des images considérées comme non-probantes dans un premier temps mais dont une expertise poussée a permis d'identifier le mis en cause au volant de sa voiture, avec sur le siège passager une "forme banche" - la couleur de la robe que Maëlys portait ce soir-là - qui suscite des interrogations.
Assez discrets, les parents de la fillette se sont peu exprimés. Mais à trois mois jours pour jour de la disparition de Maëlys, sa mère a diffusé une vidéo hommage sur sa page Facebook.