Disparue depuis une semaine dans le Gard, Sihem, 18 ans, a été tuée par un proche avec lequel elle entretenait une "relation amoureuse" : son corps a été retrouvé dans la nuit de mercredi à jeudi, après les aveux de cet homme, déjà condamné plusieurs fois. Entendu sous le régime de la garde à vue depuis mardi, le meurtrier présumé, âgé de 39 ans, a reconnu mercredi soir avoir tué la jeune fille, a précisé la procureure de la République de Nîmes jeudi lors d'une conférence de presse. Il a ensuite conduit les enquêteurs vers le corps, dans un bois, sur la commune des Salles-du-Gardon, village limitrophe de La Grand Combe.
"Personne n'avait connaissance" d'une relation amoureuse
"Personne n'avait connaissance" d'une relation amoureuse entre Sihem, retrouvée morte jeudi matin une semaine après sa disparition dans le Gard, et l'homme qui a reconnu en garde à vue l'avoir tuée, a affirmé l'avocat de la famille de la jeune fille, Mourad Battikh.
"Cette relation amoureuse, personne n'en avait connaissance", a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse à Paris, ajoutant que l'hypothèse selon laquelle ils entretenaient une relation amoureuse "n'est que la version" du suspect et qu'il est "tout à fait probable qu'elle n'ait jamais existé". "Cette version n'est corroborée par personne", a-t-il insisté. "Sihem voyait ce monsieur comme une nièce voyait son oncle", a précisé Me Battikh, expliquant que la jeune fille gardait régulièrement les enfants de sa cousine, ex-femme du suspect.
Le suspect, ex-compagnon d'une cousine de la victime
De source proche de l'enquête, cet homme serait l'ex-compagnon d'une cousine de la victime, qui elle-même avait été placée en garde à vue mardi. Sur ses indications, les enquêteurs ont découvert vers 1 heure du matin jeudi, "en bordure d'un chemin" sur un lieu isolé près de La Grand Combe, le "corps d'une jeune fille qui correspond en tous points" à la description de Sihem, même si les investigations scientifiques devront encore confirmer formellement son identité, a précisé Cécile Gensac.
L'homme a assuré "avoir tué la jeune fille dans le cadre d'une dispute liée à leur relation amoureuse", a ajouté la magistrate. Il a été mis en examen et placé en détention provisoire. La femme qui était en garde à vue en même temps que lui a quant à elle été relâchée. "J'ai assisté un homme qui a décidé d'affronter sa lourde responsabilité dans la disparition de Sihem et faire cesser un suspense insoutenable pour ses proches en guidant les enquêteurs", a de son côté déclaré à l'AFP Jean-Marc Darrigade, l'avocat du meurtrier présumé.
"Aimée et appréciée de tous"
"Il sait que sa faute n'est pas pardonnable mais son silence n'aurait fait que l'aggraver", a ajouté Me Darrigade, dont le client devait initialement comparaître mercredi devant la cour d'assises du Gard pour vol à main armée. Cet homme avait été condamné cinq fois pour atteinte aux biens et huit fois pour des faits en lien avec la conduite d'un véhicule, selon Cécile Gensac. Il avait notamment purgé une condamnation à 12 ans de réclusion prononcée par les assises du Gard pour vol avec arme et était sous contrôle judiciaire pour une affaire similaire, pour laquelle il devait à nouveau comparaître devant les Assises du Gard mercredi.
Demandant le respect d'un "temps de recueillement" et évoquant une jeune fille "aimée et appréciée de tous", la famille de Sihem a assuré "place(r) son entière confiance dans l'institution judiciaire pour connaître et comprendre les circonstances de son décès", selon un communiqué de ses avocats, Me Sara Benlefki et Mourad Battikh.
Sihem n'avait plus donné signe de vie depuis qu'elle avait quitté son domicile dans la soirée du 25 janvier. Ni les survols du secteur en hélicoptère, ni le recours à des chiens pisteurs, ni les perquisitions menées n'avaient permis de la retrouver.
Un féminicide ?
Mercredi, la procureure de Nîmes avait annoncé l'ouverture d'une enquête pour enlèvement et séquestration suite à cette disparition. La jeune fille "avait pour la dernière fois communiqué avec des amis aux alentours de minuit" le 25 janvier, alors qu'elle "s'apprêtait à sortir de son domicile, probablement pour rejoindre une personne de sa connaissance", avait alors précisé la magistrate.
Les enquêteurs avaient dans un premier temps exploré la piste d'un éventuel enlèvement lié à des faits pour "obtenir des fonds". Le nombre de féminicides a augmenté de 20% en France en 2021 par rapport à l'année précédente, avec 122 femmes tuées sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint, contre 102 en 2020, selon un bilan publié en août 2002 par le ministère de l'Intérieur. Le bilan moins élevé de 2020, avec 102 femmes tuées contre 146 en 2019, avait été exceptionnel, sans qu'on sache quel rôle y ont joué les périodes de confinements et couvre-feu.