"Moktaria et Marie-Hélène n'auraient pas dû mourir". Lundi, Jacques Rançon, alias "le tueur de la gare de Perpignan", a "demandé pardon" lundi pour avoir tué, en 1997, Moktaria Chaïb et en 1998 Marie-Hélène Gonzalez, deux femmes qu'il a violées et atrocement mutilées.
"Je demande pardon. Moktaria et Marie-Hélène n'auraient pas dû mourir. Ce que j'ai fait est très grave. Je ne sais pas dire pourquoi j'ai fait ça", a dit l'accusé au cinquième jour de son procès devant les assises des Pyrénées-Orientales. Originaire d'un milieu miséreux de Picardie, cet ancien cariste-magasinier de 58 ans est jugé devant les Assises à Perpignan pour avoir violé, tué et atrocement mutilé Moktaria Chaïb, le 20 décembre 1997 puis Marie-Hélène Gonzalez, le 16 juin 1998. Il lui est aussi reproché d'avoir tenté de violer une autre femme et d'en avoir laissé une quatrième pour morte.
L'accusé "est en train de changer", selon l'un de ses avocats. Pour le président de la cour Régis Cayrol, si l'accusé n'est pas capable de "dire pourquoi", au moins devra-t-il dire "comment", à partir de mardi lorsque la cour se plongera dans l'horreur des meurtres. "Je ne pourrai pas raconter. C'est trop dur", a déjà prévenu l'accusé lundi. "Vous croyez que ce n'est pas trop dur pour les parties civiles !", a rétorqué Régis Cayrol. L'accusé "est en train de changer", a commenté l'un de ses avocats, Me Xavier Capelet, en marge de l'audience.
"Dans une boîte qu'on fait tomber à la fête foraine". L'avocat a discuté samedi avec son client, lequel était très agacé par la première semaine d'audience au cours de laquelle il a eu l'impression d'être "une boîte qu'on faisait tomber à la fête foraine". "Il en avait marre d'entendre certains venir raconter des salades à la barre. En même temps, ça l'a fait réagir", a ajouté l'avocat. Pendant les quatre premières journées, Rançon n'a jamais rien répondu aux accusations portées contre lui. Il ne s'était pas non plus excusé auprès des femmes qu'il avait agressées.
Excuses à une victime. Au contraire, dès lundi matin, il a présenté ses premières excuses à l'une de ses victimes venue témoigner d'une agression dont elle avait été victime un soir de 1998. "Je lui demande pardon et je regrette", a dit l'accusé, poussé par ses avocats. Devant lui, une femme d'une quarantaine d'années venait de raconter comment un soir de septembre 1998 au Boulou, dans les Pyrénées-Orientales, après son travail, elle avait été agressée par Rançon qui avait percuté sa voiture et tenté de l'en faire sortir au prétexte que "sa voiture faisait des étincelles". "J'ai refusé", a-t-elle expliqué à la barre. Enfermée dans sa voiture, la jeune fille avait vu que Rançon portait un couteau.
Arrêté grâce à son immatriculation. Son père, alerté par téléphone, avait ensuite fait fuir Rançon après lui avoir asséné un coup de batte de base-ball. Arrêté grâce à son immatriculation, puis reconnu derrière une vitre sans tain par la jeune fille et son père, Rançon avait été alors condamné en correctionnelle à trois ans de prison dont 2 avec sursis et 3 ans de mise à l'épreuve. C'était sa deuxième condamnation.
Huit ans de prison pour viol. La première condamnation de Rançon remonte à 1992 à Amiens. Il a écopé de huit ans de prison pour le viol de Nathalie, qui selon le même modus operandi avait été agressée au volant de sa voiture, menacée avec un couteau, contrainte de monter dans le véhicule de son agresseur et violée sur un chemin de traverse. "C'est atroce, j'ai cru que je n'allais plus vivre", a déclaré Nathalie, 46 ans. Après le viol, Rançon l'avait relâchée en pleine nuit après avoir volé son sac à main. Puis il l'avait rappelée plusieurs fois. "Il me parlait comme si on était des potes, il voulait qu'on continue à se voir", a-t-elle témoigné. Le verdict est attendu le 26 mars.