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Dix ans après l'attentat : les jeunes générations moins «Charlie» que leurs aînés

Louise Sallé - Mis à jour le . 2 min

Dix ans après l’attentat et "Je suis Charlie", 46% des 18-24 ans se disent "choqués" que l’on ait pu caricaturer le prophète Mahomet. Plus généralement, les offenses envers les religions sont vues comme un manque de respect ou une atteinte à l’intimité. Dans un lycée francilien, où des élèves étudient des dessins de presse avec leur professeur, le sujet fait débat. 

D’après un sondage Ifop pour la Fondation Jean-Jaurès, réalisé en partenariat avec Charlie Hebdo à l’occasion des dix ans de l’attentat, 76% des Français soutiennent la liberté d’expression et le dessin de presse. Mais, parmi les 18-24 ans, cet "esprit Charlie" ne fait pas l’unanimité. 46% se disent ainsi "choqués" par la caricature du prophète publiée à la Une du journal satirique, en 2006, dessinée par Cabu. Et, au-delà de ce constat, l’idée de se moquer des religions, quelles qu'elles soient, passe mal. 

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Pour en discuter en classe, l’association "Dessinez, créez, liberté", soutenue par la région Île-de-France, a conçu un kit pédagogique à destination des profs qui souhaitent donner un cours sur les dessins de presse. 

"Casser le respect au sacré"

Au total, 12 caricatures sont proposées, de "Louis-Philippe métamorphosé en poire" à Charlie Hebdo, en passant par Xavier Gorce, le père des pingouins dans Le Point. Dans un lycée de région parisienne, un enseignant donne ce cours en présence, justement, de Xavier Gorce qui a fait le déplacement. 

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"Le principe d'un dessin de presse, c’est de casser le respect qu'on peut avoir par rapport au sacré", explique le dessinateur aux élèves. "Par exemple : le sacré du roi, le sacré religieux, etc", détaille-t-il. "Et l’humour permet de mettre l'émotion à distance". 

"Je pense qu’il y a des limites à avoir avec le fait de caricaturer la religion"

Mais une élève s’interroge sur la possibilité de rire du sacré et trouve qu'un dessin publié dans le journal Libération en 2006 manque de respect aux croyants.

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"Quand ils ont voulu représenter la personne musulmane, ils ont mis une sorte de foulard au-dessus de sa tête, et c’est ce qu’on voit dans les pays arabes donc ça n'a rien à voir techniquement avec l'histoire musulmane ou l'islam", décrit-elle en examinant la caricature. "Même quand ils ont voulu représenter le prêtre, ils ont représenté un homme boudiné", déplore-t-elle. "Certains vont un peu trop loin, et pas que Charlie Hebdo, parce que beaucoup font des caricatures sur la religion", ajoute la lycéenne.

"Je pense qu’il y a des limites et qu'on ne peut pas faire des caricatures sur tous les sujets", conclut-elle. "Il ne vaut mieux ne pas prendre parti, être objectif quand on parle de religion, pour ne pas vexer quiconque et rester dans le respect d'autrui", ajoute une camarade.

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Une dizaine de lycées seulement investis dans le projet 

Leur prof les invite à débattre de ce sujet à la prochaine séance. À la fin du cours, il se confie au micro d’Europe 1, à propos de l’étude de caricatures religieuses contenues dans le “kit pédagogique" mis à disposition par l’association. "Je peux comprendre que ça touche des gens mais en même temps, c'est à nous, les profs, d’engager un travail de réflexion", détaille-t-il. "La religion fait partie des sujets qui font débat, et c'est un point que l'on va soulever…. Mais c'est normal qu'on en parle, ça touche les élèves au plus profond de leur être. Et on va en reparler", assure-t-il. 

Preuve que le sujet délicat : seule une dizaine de lycées franciliens se sont emparés de ce cours sur les caricatures.