Il y a dix ans, quasiment jour pour jour, la ville de Nantes était secouée par ce qui allait devenir l'une des plus grandes affaires criminelles françaises. L'un des plus grands mystères aussi. Agnès Dupont de Ligonnès et ses quatre enfants étaient retrouvés morts, ensevelis sous la terrasse de leur maison. Le mari et père de famille, Xavier Dupont de Ligonnès, principal suspect dans cette affaire, n'a jamais été retrouvé. Au 55, boulevard Schumann, à Nantes, le souvenir de ce drame est encore vif.
La maison de l'horreur
Depuis dix ans maintenant, quand Alexis reçoit chez lui, il n'a plus vraiment besoin de préciser l'adresse exacte de son appartement, situé juste derrière l'une des maisons sans doute les plus célèbres de France. "Si les gens ne se souviennent plus exactement du numéro, ils savent que c'est boulevard Schumann", explique-t-il.
Nicolas, qui habite au 61, a beau passer devant la bâtisse tous les jours, il n'y jette plus aucun regard. "Je suis sûr que si on remonte 100 ans en arrière... Des drames, il y en a tellement dans toutes les maisons", lâche-t-il.
"Ce sont des voisins très sympas"
Le drame Dupont de Ligonnès, en tout cas, est un véritable poison pour Henri. De nombreux curieux viennent frapper à sa porte. Il faut dire que ce trentenaire vient d'emménager au numéro 57, la maison mitoyenne au tristement célèbre 55. L'interphone, équipé d'une caméra, carillonne généralement dans le vide, à moins d'être un familier.
"Ce sont des voisins très sympas. C'est une famille normale, avec enfants", explique Henri à propos de ses voisins, ceux qui habitent la fameuse adresse, où il se rend régulièrement à leur invitation. "Le quartier est très cool, ce sont des maisons très agréables", poursuit ce riverain. Et celle du 55 devrait d'ailleurs être prochainement encore plus agréable, à en croire le permis de construire affiché, qui fait mention d'une extension sur jardin. C'est-à-dire d'une véranda, qui devrait ainsi recouvrir à jamais cette maudite terrasse.