La ministre de la Justice Nicole Belloubet a déclaré vendredi que la France n'irait "pas nécessairement chercher" les djihadistes français détenus en Syrie ou en Irak et qui demandent à être rapatriés pour être jugés.
"Nous n'irons pas nécessairement les chercher". "Nous agissons dans le cadre de la légalité internationale. Nous prendrons en charge toutes les personnes qui reviendront sur le territoire français. Pour autant, nous n'irons pas nécessairement les chercher là ou elles sont", a déclaré la garde des Sceaux dans un entretien à la radio RMC et à BFMTV.
Au moins deux Françaises, actuellement détenues en Syrie avec leurs enfants, demandent à être rapatriées et jugées en France pour avoir rejoint les djihadistes du groupe État islamique (EI). L'une d'elles, Emilie König, propagandiste et recruteuse notoire de l'EI, a fait savoir mercredi par son avocat qu'elle se tenait "à la disposition de la justice française", qui la réclame depuis 2015.
Des djihadistes jugés sur place sous certaines conditions. "Cette personne comme d'autres Français (...) sont allés en Syrie pour conduire généralement des actions terroristes", a estimé la ministre, répétant que si les autorités locales pouvaient "offrir un certain nombre de garanties en termes de traduction, en termes d'accès à un avocat", elles pourraient être jugées sur place, et le cas échéant, pourraient bénéficier de "la protection consulaire" ou d'une aide d'organisations humanitaires comme la Croix-Rouge.
Jugés par les institutions kurdes. Quid du Kurdistan syrien qui ne dispose pas d'institutions reconnues par la France ? "Il n'y a pas d'État que nous reconnaissons, mais il y a des autorités locales et nous pouvons admettre que ces autorités locales puissent éventuellement procéder à des opérations de jugement", a estimé Nicole Belloubet.
Des enfants de moins de huit ans rapatriés. Quant aux enfants de ces djihadistes et dont la situation est gérée par le Quai d'Orsay, ils peuvent "tout à fait" être rapatriés, notamment s'ils ont moins de huit ans. Fin novembre, le chef de l'Unité de coordination de la lutte antiterroriste (Uclat), Loïc Garnier, avait estimé que les enfants de plus de six ans ayant vécu "dans un univers de violence" seraient "bien difficiles à récupérer".
La fin du "cas par cas" ? Jusqu'à présent, le gouvernement s'est borné à dire qu'il se prononcerait "au cas par cas" pour les Français détenus en Syrie. D'après une source proche du dossier en France, une quarantaine de djihadistes français adultes, autant d'hommes que de femmes, accompagnés d'une vingtaine d'enfants, ont été arrêtés en Syrie et Irak, dont la grande majorité par les forces kurdes en Syrie.