C'est un lancement attendu depuis plus d'un an : quatre ministres (Christophe Castaner, Laurent Nuñez, Nicole Belloubet et Gérald Darmanin) ont présenté mardi à Marseille un plan anti-stupéfiants pour lutter plus efficacement contre la prolifération de la drogue. Car la situation est devenue très préoccupante.
Les drogues ont "infusé" partout
On n'a jamais autant consommé de drogue que l'an dernier en France : 30 tonnes de cannabis sont consommées chaque mois. La résine ou l'herbe de cannabis sont aujourd'hui quatre fois plus puissantes qu'il y a 20 ans. Selon des données du ministère de l'Intérieur, les services anti-stups français ont saisi 100 tonnes de cannabis (+18%) en 2018. La cocaïne, elle, déferle de tous les côtés, par avion ou par bateau. Sa production mondiale a doublé en deux ans et elle est de plus en plus pure, donc de plus en plus dangereuse.
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Globalement, en France, le chiffre d'affaires des trafiquants est estimé à 3,5 milliards d'euros. Pour un général de gendarmerie, ça n'a rien d'étonnant car toutes les drogues ont "infusé" absolument partout, jusque dans les zones rurales les plus reculées. Face à ce tsunami, policiers, gendarmes et douaniers ont souvent l'impression de vider la mer avec une petite cuillère, chacun de leur côté.
Vers un partage des renseignements
C'est justement ça qu'il faut changer, explique-t-on en haut lieu. Avec ce plan anti-stups, inspiré de ce qui fonctionne déjà à Marseille, les services vont devoir partager leurs renseignements et travailler sous le pilotage d'un nouvel Office central qui ne s'appellera plus l'OCRTIS, mais Ofast, pour Office anti-stups. Dirigé par Stéphanie Charbonnier, actuelle conseillère "justice" du directeur général de la police nationale (DGPN), ce sera désormais l'unique chef de file contre les trafics de drogue. Il disposera de 150 enquêteurs.
La création de ce nouvel office pourrait définitivement tourner la page des récents scandales qui ont entaché la réputation du prestigieux office anti-drogues sur fond de politique du chiffre, de rivalités entre services et de crise de confiance entre policiers et magistrats.